Depuis les évènements douloureux de 1979, l’opinion nationale et les observateurs étrangers avaient pris l’habitude de croiser de hauts responsables bien installés dans des bureaux somptueux mais qui peinent à formuler une seule phrase bien articulée en français. Toutefois le vernis « arabophone » a permis de sauver l’apparence ; car tous ces analphabètes déguisés se faisaient passer pour des cadres arabophones. On avait poussé le ridicule jusqu’à introduire des interprètes et traducteurs dans la salle des Conseils de Ministres après la formation du premier gouvernement de G.U.NT issu des accords de Lagos. Depuis lors le paysage administratif était toujours truffé de ces genres d’anachronisme qui sont malheureusement tolérés voire acceptés par l’opinion publique.  Or avec le MPS le phénomène a pris des dimensions grotesques et ahurissantes, c’est un déni du concept même de l’administration dans un Etat régalien. On aura tout vu : des adolescents sans aucune référence porter des grades de Général sur simple message du despote, les mêmes espèces gérer les grandes entreprises de l’Etat etc. etc. etc… . La seule référence est d’être un proche du système, en d’autres termes le népotisme est érigé en mode de gestion au niveau  de l’Etat.

La nomination de Mr Erdebou répond donc à cette logique avec la différence que cette fois-ci on exporte nos incongruités à l’extérieur du Tchad surtout pour une fonction hautement noble ; or Mr Ramadan ERDEBOU est un analphabète dans le sens plein du mot, de surcroît  aphone et atone dans les langues du pays. De nature mou et taciturne, il s’exprime très difficilement en maugréant indéfiniment et de manière inaudible. Dans ces conditions comment imagine-ton que ce Monsieur puisse représenter dignement le Tchad ?  Une représentation diplomatique dans un pays étranger est comme une toile à multiples réseaux, en ce sens que, non seulement le diplomate représente son pays auprès du Pays auquel il est accrédité, mais il doit aussi rendre des visites diplomatiques à tous ses collègues aux fins de soupeser ensemble la situation interne du pays hôte et pourquoi pas échanger des points de vue sur les opportunités de coopération entre leurs deux pays respectifs. Oui, il arrive qu’un ambassadeur accrédité auprès d’un pays donné puisse être à la base des formes de coopérations nouvelles dans un autre pays que le sien et ce, grâce à son dynamisme et à ses contacts avec ses paires. Pour ce faire, on ne vous demanderait pas d’être un bon tireur de 12,7 ou AML90 mais de savoir convaincre et pour convaincre il faut parler et parler au moins une langue !!  

Le cursus de Mr Erdebou est plus que banal, il est pareil à celui de tous les combattants issus des différents évènements qu’a connus le pays. Petit berger, il avait accompagné les troupeaux des chameaux destinés au marché  libyen à la fin des années 70 ;   compte tenu de son jeune âge son parrain  l’abandonne pour qu’il puisse s’y inscrire dans une école des adultes pour les étrangers. C’est ainsi qu’il fut admis au cours d’alphabétisation des adultes à l’Institut d’Albeida destiné strictement aux asiatiques et aux africains du Sud Sahara. C’est aussi la période des errements idéologique de l’ancien guide libyen ; en effet on se rappelle qu’après voir  rédigé son fameux livre vert l’ancien guide avait aussi essayé de mettre en doute la « tradition musulmane » (Sunna) et d’apporter des corrections sur un certain nombre des versets coraniques. Il a ainsi entrainé beaucoup des jeunes dans son hérésie théologique dont Me Erdebou et un bon nombre des jeunes zaghawa qui se considéraient pratiquement comme athés et avaient pris le sobriquet de « HERMESS. »

Ils avaient répondu massivement à l’appel de MPS et avaient constitué à l’époque un bon apport militaire qui a fait la différence. Très volontaristes mais manquant de formation militaire appropriée beaucoup avaient péri dans les différents combats. Leur témérité était reconnue même chez les salafistes.

A l’arrivée de MPS en 1990, il était chef de section adjoint (son chef de l’époque est aujourd’hui Lt-Colonel au chômage depuis 6ans) à la sécurité rapprochée. Son ascension fulgurante au sein des services de sécurité était due en faveur de la grogne des élèves Béri suite aux festivités de Bahaï en 1998. Deby avait ordonné l’arrestation de tous les jeunes restés à Ndjamena et qui protestaient de manière bruyante  contre la déportation de leurs frères à Matadjana. Lors des interrogatoires en présence de Deby lui-même dans les locaux de R.G, Mr Erdebou s’est distingué par une brutalité inouïe  qui dénotait sa transcendance des us et coutumes des Béris. Là où beaucoup se sont éclipsé pour ne pas répondre après aux verdicts communautaires, il avait fait fi de ces clichés en tapant très fort à la grande satisfaction de Deby. Aux lendemains de ces évènements il a été propulsé directeur des R.G ;  ensuite D.G de la Sûreté Nationale, Conseiller à la Sécurité à la Présidence de la République puis D.G/Ans et enfin aujourd’hui Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire !

En nommant  le comme ambassadeur en Libye, Deby ne se préoccupe ni de la personne  d‘Erdebou, ni de sa formation, ni autre chose : c’est le volet sécuritaire, des renseignements, de la délation, de la chasse aux supposés opposants, qui sera désormais mis en exergue, sur le lieu de son affectation.

Après la nomination d’Ittir (sa petite sœur analphabète) à la mairie de Ndjamena, c’est le plus gros bras d’honneur fait à l’Etat tchadien !


Diplomate indigné (N’Djamena)

  

546 Vues

Il n'y a pas encore de commentaire pour cet article
Vous devez vous connectez pour pouvoir ajouter un commentaire