République du Tchad Le Groupe de Réflexion de l’Opposition Tchadienne en Egypte

Lettre ouverte

À l’attention de son Excellence Monsieur François HOLLANDE

Président de la République Française

Excellence,

Nous, Groupe de Réflexion de l’Opposition Tchadienne en Egypte, avons l’honneur de venir par la présente, attirer votre attention sur les risques désormais réels et imminents qui pèsent sur le Tchad et son peuple à cause de la gestion chaotique du Président Idriss Deby et sa famille.

Monsieur le Président, l’adage populaire dit qu’il vaut mieux prévenir que guérir, d’où le sens de notre sollicitation adressée à votre Excellence. Nous espérons que notre démarche préventive permettra d’éviter à votre beau et cher pays la France, aux organisations des droits humains et au monde entier d’être des simples spectateurs face à une nouvelle tragédie avec son cortège de malheurs et désolations. Il s’agit de compter les morts, constater les dégâts et faire ensuite appel à la cour pénale internationale comme cela semble être l’unique voie à laquelle nous sommes condamnés.

Monsieur le Président nous sommes tous d’accord que la principale cause des conflits dans le monde est l’injustice. Dans notre pays le Tchad, une catégorie de la population, notamment le clan du Président ne sait même pas s’il existe un ministère de la justice. Les tribunaux, les magistrats, les greffiers et les avocats sont là pour les autres, sinon ces institutions sont instrumentalisées par le Président pour régler des comptes à ses opposants et humilier constamment les militants récalcitrants de son parti.

Monsieur le Président, le Tchad est l’un des rares pays au monde où toute manifestation même pacifique est assimilée à un coup d’Etat et réprimée dans le sang sous le regard distrait sinon complice de la communauté internationale comme si les tchadiens sont des êtres à part.
 

Monsieur le Président, le silence du Président du pays des droits de l’Homme face à l’arbitraire incarné et assumé par Monsieur Idriss Deby suscite d’interminables interrogations notamment dans le milieu des fonctionnaires pour qui aucune perspective d’avenir n’est en vue. Ils sont condamnés à rester subalternes jusqu’à la retraite et le même sort est réservé à leur progéniture sensée prendre le relai.

En effet les tchadiens ont soif de liberté, de justice et de démocratie.  Ils sont aussi conscients que personne ne viendra faire le travail de libérateur à leur place. Ils ont également la certitude que Monsieur Idriss Deby ne changera jamais et il est prêt à tout pour se maintenir au pouvoir. Ce qui le préoccupe c’est le train de vie de sa famille et accessoirement celui de son clan et les tchadiens sont tenus de se contenter de la générosité du « guide » avec son slogan : le chef de l’Etat a offert un hôpital, une école, une route ou un château d’eau à telle ville, autrement dit, la République a cédé la place à une chefferie traditionnelle.
 

Monsieur le Président, par pudeur nous vous épargnons les détails de ce drame qui se passe à huis-clos, car notre objectif est d’alerter à travers vous l’opinion internationale sur les risques majeurs qui guettent le Tchad et particulièrement à la veille des échéances électorales de l’année prochaine auxquelles Monsieur Idriss Deby se représentera avec certitude pour un sixième mandat.

Monsieur le Président, si le Président des Etats-Unis d’Amérique prend position par rapport à la limitation à deux des mandats présidentiels en République Démocratique du Congo, au Burkina-Faso, au Burundi ou au Rwanda, c’est parce qu’il a le devoir de rappeler les valeurs universelles auxquelles lui et son peuple sont attachés. Il rappelle également et à juste raison que la démocratie a besoin des institutions fortes et non des hommes forts.

  

Monsieur le Président, la France est le seul pays occidental à recevoir Monsieur Idriss Deby et en le recevant, rendez-vous compte, que vous êtes en train de serrer la main du gendre de Monsieur Moussa HILAL, le premier responsable DJANDJAWID du Darfour recherché par la cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité?
        

Monsieur le Président, le peuple tchadien, par la voie du Groupe de Réflexion de l’Opposition Tchadienne en Egypte, vous demande, en votre qualité de Président du pays des droits de l’Homme et en tant qu’ami du Tchad de soutenir sa seule et unique demande : non au sixième mandant parce que nous aussi, avons le droit de vivre dignement comme les autres peuples de par le monde. Nous tenons juste à ce niveau de rappeler que le sixième mandat est équivalent en fait pour nous à un pouvoir à vie. Le peuple tchadien ne laissera jamais un tel scénario se produire.   

 

Vous en souhaitant bonne réception et dans l’attente d’une prompte réaction de votre part, nous vous prions Excellence Monsieur le Président, de bien vouloir agréer l’expression de notre très haute considération.

 

Fait au Caire le 09 juin 2015

 

Le Groupe de Réflexion de l’Opposition Tchadienne en Egypte

 

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