« Il était 15 h environ lorsque de mon bureau sur l’avenue Charles de Gaulle on voyait filer en toute vitesse les chars et véhicules blindés de l’Armée Tchad. La bataille de Massaguet venait de voir tomber plusieurs officiers et généraux de l’ANT. Le chef d’État major était pris plusieurs balles et mort. Selon les informations, le Président Idriss Deby était sur le terrain de bataille. Les mouvements rebelles avaient remporté la bataille. Le repli était le mot d’ordre. Le commandant en chef du Tchad, Idriss avait donné le mot d’ordre “replions et protégeons le palais Rose. Il ne faut absolument pas que ces chiens rebelles prennent mon palais. Notre terrain de bataille sera N’Djamena”.

 
Voilà presque 1 million d’habitants pris comme bouclier humain.
Les Mouvements rebelles avaient poursuivi Deby et son armée en débandade jusqu’à la capitale.


N’Djamena sous les bombes, les tirs de canons et toutes les armes lourdes. Deby avait perdu tout le contrôle du pays. Il n’était plus que le chef du palais Rose. La chute du régime. L’Élysée avait appelé le Palais Rose pour proposer l’asile à Deby. Des négociations avaient commencé entre les chefs rebelles et quelques responsables politiques et de la société civile. L’armée française qui avait mis sur écoute les personnalités politiques avait laissé filtrées les infos à Deby. Ordre a été donné automatiquement d’arrêter certaines personnes. 3 chefs de partis politiques ont été arrêtés.


J’ai été informé que j’étais sur la liste des personnes à abattre dans la liste des personnes de la société civile. Il y avait Deuzoumbé Daniel, Ibangolo Maïna Abel, Monodji Fidel, Dobian Asngar, Jacqueline Moudeina… Certains ont pu s’échapper grâce a la même armée Française, d’autres simplement en traversant pour se retrouver au Cameroun voisin.


Deby devrait partir, la fin du règne des zaghawa était éminente. Il fallait trouver un compromis, un chef militaire pour remplacer Deby. Voici la nouvelle bataille qui avait commencé. Deby chuter, fin du règne des zaghawa, il n’était pas question pour l’une des branches rebelles qui était aussi Zaghawa. Il faut se replier et laisser les autres seuls face à Deby. La France avait compris qu’après Deby pendant cette entrée des groupes rebelles, il y aurait un bordel. Les rebelles en réalité ne s’entendaient pas. Il fallait donc aider et maintenir Deby.


Avec l’aide de l’armée Française et de son mentor Libyen Ghadafi, Deby avait repli le dessus. Deby n’avait plus qu’un seul groupe rebelle à combattre. Les munitions et carburants commençaient par faire défaut. La victoire a changé de côté. Il fallait se replier pour ne pas continuer le carnage.

 
La bataille a pris fin. Ces 2 jours resteront inoubliables pour les Tchadiens. 2 et 3 février 2008. Une fois encore Dieu n’a pas entendu le cri d’un peuple. Peut-être qu’il l’avait entendu sous un autre angle.

 
Il y a eu des morts par dizaine. C’était les 2 et 3 février 2008, un responsable politique a été arrêté puis torturé jusqu’à la mort. Il s’appelait IBN OUMAR MAHAMAT SALEH, mort dans les geôles d’Idriss Deby. »

  

Ibangolo Maïna Abel

 

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