18/04/16: TCHAD/France: Quelque soit la durée de la nuit, le jour finit toujours par se lever. Plus de 2 mois, j’ai été astucieusement réduit au silence. Mon arrestation, chez moi ce vendredi 12 février 2016 par la police n’a rien à voir avec un délit routier où une absence de permis de conduire. En 2013, j’avais perdu la totalité de mes points sur mon permis de conduire, pendant ce moment j’ai été amendé à payer des jours-amendes. L’amende en question fut réglée en plusieurs échéances. Depuis ce jour, en dehors des amendes de stationnements, je n’avais plus rien à régler. Le 12 février 2016 donc, la police sonne à mon domicile à 13 heures 23 min et m’annonce que je devrais les suivre au commissariat de Nanterre pour signer une notification. Je m’habille et les suis séance tenante. Durant tout le trajet, les 3 policiers discutent cordialement avec moi sur les relations de la France avec les chefs d’État africains, de la pauvreté et la françafrique. Arrivé au commissariat, aussitôt on me confisque mon téléphone et ma pièce d’identité, et on m’indique que le procureur veut me voir. Nous arrivons au tribunal de Nanterre vers 14 h sans signer aucune notification au commissariat. J’attends de 14 h jusqu’à 23 h 47 min avant qu’un substitut du procureur m’indique en 5 min que j’ai été jugé par défaut à 16 mois de prison pour le délit de 2013. Je lui indique que j’avais payé des amendes pour cela et que depuis lors je n’avais aucune correspondance m’indiquant un problème avec la justice. Il m’affirme tout de go qu’il n’a pas le temps de voir cela avec moi et de voir cela avec mon avocat une fois en prison. C’est ainsi, sans présence d’avocat, ni une garde à vue, je fis mis en mandat de dépôt. 3 semaines après, mon avocat demande mon dossier pénal et découvre les vices de procédures et demande ma libération. Les démarches faites par mon avocat fait ressortir que le substitut du procureur en question a été muté à Tours, et que les erreurs constatées devraient me permettre de sortir très bientôt. Voilà la vérité qui sera étayée par les documents judiciaires une fois que je peux être libéré. 


Après ce récit, je voudrais revenir sur l’obstruction que la police de Nanterre avait faite à l’endroit de mes frères DOKI, JOJO Burton et Abakar, en leur cachant la vérité et en les envoyant sur une autre piste, pourtant la même police était présente lorsque les pompiers appelés à la rescousse ont cassé la fenêtre de chez moi pour voir si j’y suis, 4 jours après mon arrestation, jusqu’à ce que mon frère Abakar se déplace au tribunal de Nanterre avant qu’on lui dise que je suis à la maison d’arrêt de Nanterre. Après plusieurs rumeurs fausses ont été distillées par la police comme quoi j’ai fait un accident envoyant quelqu’un au coma. Soit… ce qui m’intrigue, ce n’est pas que je sois arrêté, car la prison n’a jamais été loin des activités que l’on mène face à un régime despotique. Avant moi, et après moi, il y aura des gens qui iront en prisons. Conduire sans permis est un délit, il y a plus de 4 millions de personnes en France qui conduisent sans permis, assez souvent en récidive, mais ne prennent pas 16 mois de prison et qui sont jugés par défaut après avoir payé des amendes jours qui devraient annuler une condamnation.

 

Un autre aspect capte mon esprit, pourquoi une arrestation juste à quelques jours des élections au Tchad? Sachant que quand la procédure judiciaire est enclenchée, les délais devraient s’étendre sur plusieurs mois avant toute libération.

 

L’erreur judiciaire établie, je me trouve confronté à la lenteur de l’administration qui serait surbookée, mais qui devrait ordonner ma sortie très bientôt. Mon avocat est plus assuré, et c’est d’ailleurs ce qui me permet de revenir vers vous avec ce pincement au cœur de n’avoir pas été pendant les moments difficiles auprès de mes compatriotes.

 

Aujourd’hui, on m’a permis de sortir pour une journée, et j’en profite pour venir auprès de vous chers lecteurs, car vous m’avez beaucoup manqué. En ouvrant la boite mail du site, je vois plus de 1000 messages, de compassions, d’amour, de sollicitations, de soutiens. Et, croyez-moi, les larmes aux yeux je vous dis merci, car parmi certains messages, j’en trouve des détracteurs jadis virulents, ayant envoyé des mots compatissants.

 

Je voudrais remercier toutes et tous, ceux qui à mon absence se sont rapprochés de mon père, de mon frère Abakar, de DOKI, JOJO pour s’enquérir de mes nouvelles. Je remercie les amis à N’Djamena, Paris, Dakar, qui sont restés toujours en contact avec moi, et qui n’ont cessé de me soutenir a affronté cette épreuve.

 

Une équipe réduite de rédaction gèrera parcimonieusement le site pendant ce temps.

 

Mes pensées envers mes confrères des sites et blogs, Tchadpages, Tchadactuel, Makaila, Zoomtchad, Tchad Baladia, pour leurs messages.

 

À très bientôt et la lutte continue…

     

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