Grâce à son implication dans les deux crises africaines que François Hollande doit gérer avec ses partenaires, Idriss Déby est en mesure d’imposer ses conditions sur les questions liées aux droits de l’homme.

 

Jadis placé sur la liste noire du PS français, Idriss Déby est parvenu en deux ans de realpolitik africaine à retourner la situation à son avantage. Préféré à un pays comme le Burkina Faso, pourtant situé géographiquement au centre du dispositif Barkhane mais ne disposant d’aucune base militaire, N’Djamena s’est naturellement imposé aux militaires français pour abriter l’état-major de cette opération de lutte contre les trafics et les groupes armés dans la sous-région. Présent au Tchad le 19 juillet, François Hollande a procédé à l’installation de ce commandement opérationnel. A terme, ce dernier doit gérer 3 000 hommes et couvrir cinq pays. 

Selon nos sources, l’une des contreparties françaises à cet engagement est l’assurance donnée aux autorités tchadiennes de moins stigmatiser le pays sur la situation des droits de l’homme. Pour la première fois, François Hollande s’est d’ailleurs gardé d’aller au-devant de l’opposition et des représentants de la société civile. Il s’était jusqu’à présent plié à cet exercice à chacune de ses visites dans un Etat africain, rencontrant notamment Etienne Tshisekedi à Kinshasa et, plus récemment, Pascal Affi Nguessan à Abidjan. A l’avenir, l’Elysée devrait éviter de recevoir des opposants tchadiens à Paris. Ce climat est donc loin d’être favorable à l’enquête en cours, en France, sur la disparition en 2008 à N’Djamena d’Ibni Mahamat Saleh, principal opposant au président tchadien.

La Lettre du Continent.

 

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