Le pouvoir à Ndjamena est disposé à voir une force onusienne se déployer en RCA. Le président Déby l’a dit, vendredi 14 février à Paris, après un entretien avec son homologue François Hollande. Le chef de l’Etat tchadien est arrivé à l’Elysée après la tenue d’un conseil de Défense à l’issue duquel François Hollande a annoncé le renforcement de l’opération Sangaris en RCA, avec l’envoi de 400 hommes supplémentaires.


Le Tchad était jusqu’à présent perçu comme l’un des pays les plus réticents à l’envoi de casques bleus en Centrafrique. « Il traînait fortement des pieds pour voter une résolution du Conseil de sécurité », explique ainsi une source onusienne. Ndjamena voyait en effet cette opération comme un désaveu, alors que la force africaine Misca est déployée depuis seulement début décembre en Centrafrique. Un pays souvent considéré d’ailleurs comme sa chasse gardée.


Le Tchad et d’autres pays africains étaient également frileux dans une période où le continent essaie de construire une Afrique de la défense. Mais hier, le président Déby a montré qu’il avait assoupli sa position sur l’envoi de casques bleus.


« C’est une bonne solution, mais les procédures aux Nations unies sont des procédures lentes, a expliqué le président tchadien. Entretemps, la Misca doit continuer à faire à son travail. Quand l’ONU aura suffisamment de troupes, il faudra mettre [le pays] sous sa coupe. Nous sommes parfaitement d’accord sur ce point. »


Pas de renforts tchadiens pour la Misca


Idriss Déby ne s’y trompe pas. Il faudra environ six mois entre le vote d’une résolution et le déploiement réel de soldats onusiens. Or la décision du Conseil de Sécurité n’est pas attendue avant au moins fin mars. En attendant, le président tchadien a accueilli favorablement le renforcement prochain de l’opération française Sangaris.


Mais il a exclu un envoi de troupes tchadiennes supplémentaires pour la Misca, expliquant que les Tchadiens avaient fait suffisamment de sacrifices au sein des autres missions à travers le monde.


Accusations


Idriss Déby est aussi revenu, hier à Paris, sur les accusations de parti pris dont fait l’objet, de façon récurrente, l’armée tchadienne en RCA. Certains éléments tchadiens ont en effet été accusés de 
soutenir les membres de l’ex-Seleka, la rébellion qui a pris le contrôle de la Centrafrique de mars 2013 jusqu’à sa dissolution en janvier 2014.


« On critique les soldats tchadiens mais on critique aussi les soldats français, a rétorqué le chef de l’Etat. Donc ce n’est pas ça qui va nous amener à nous désengager de nos responsabilités qui consistent à ramener la paix en République centrafricaine. […] Si l’armée tchadienne n’a pas fait de dégâts au Mali, l’armée tchadienne n’a pas fait de dégâts non plus en RCA. Elle est composée de musulmans, de chrétiens, mais aussi de gens qui n’ont pas de religion, donc ce serait un tort à faire que de dire que l’armée tchadienne a pris gain de cause pour les musulmans. Est-ce que les soldats ou les officiers chrétiens qui sont dans cette armée accepteraient cela ? »


RFI
 
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