* Eric Breteau et Emilie Lelouch veulent démontrer leur innocence. * L’avocat général leur garantit son indépendance (Actualisé avec première audience)

Le président de l’Arche de Zoé et sa compagne ont décidé de s’expliquer lors de leur procès en appel qui s’est ouvert mercredi à Paris pour une tentative de transfert en France d’une centaine d’enfants présentés comme des orphelins du Darfour, en octobre 2007.

Eric Breteau, 43 ans, et Emilie Lelouch, 37 ans, condamnés en première instance à deux ans de prison ferme, avaient alors boycotté leur procès, ce qui avait eu un effet déplorable pour leur image.

De retour d’Afrique du sud, en février dernier, ils n’avaient pas assisté aux débats et ne s’étaient présentés que pour entendre le délibéré, convaincus que la justice n’entendrait pas leurs explications.

Reconnus coupables d’exercice illégal de l’activité d’intermédiaire pour l’adoption, de tentative d’aide à l’entrée ou au séjour irrégulier de mineurs étrangers et d’escroquerie, ils avaient été incarcérés avant d’obtenir leur libération sous contrôle judiciaire en avril.

Cette fois, les deux animateurs ont voulu montrer un visage différent.

"Je veux faire la démonstration de mon innocence, j’espère être entendu par la justice", a déclaré Eric Breteau à la cour.

Prié de dire pourquoi il avait boycotté le premier procès, il a répondu : "J’estimais que les conditions d’un procès équitable n’étaient pas réunies. Il y a eu une instruction purement à charge. Nous avons été condamnés sur la base de rumeurs non fondées".

 

"J’ÉTAIS TROP EN COLÈRE"

"J’étais trop en colère et cela m’aurait desservie", a dit Emilie Lelouch.

Fait rare, l’avocat général, Etienne Madranges, a noté que le couple avait villipendé la justice et a fait un geste dans sa direction en affirmant que l’affaire "repartait à zéro" et en affichant sa totale indépendance.

"Je ne suis pas un accusateur public, je représente les interêts de la société", a-t-il expliqué, avant d’avoir par la suite un apparté avec les prévenus en présence de leur défenseur.

L’avocate du couple, Céline Lorenzon, a rappelé que ses clients lors du premier procès avaient vécu deux incarcérations, au Tchad et en France.

"Ils ont digéré leur colère, ils veulent expliquer leur intention de base et ce qui s’est réellement passé sur le terrain", a-t-elle dit à des journalistes.

"On a dépeint Eric Breteau comme un gourou et il veut montrer qui il est réellement", a ajouté Céline Lorenzon.

Le couple comparaît avec le logisticien Alain Péligat, 62 ans, qui avait quant à lui été condamné à six mois de prison avec sursis. Trois autres condamnés en première instance n’ont pas fait appel.

Pour l’accusation, Eric Breteau, Emilie Lelouch et l’Arche de Zoé "ne pouvaient ignorer l’illégalité de leur projet" et ont menti sciemment aux familles."

La cour d’appel statuera également sur le sort de l’Arche de Zoé, poursuivie en tant que personne morale, qui avait été condamnée en première instance à une amende de 100.000 euros, tandis que sa dissolution était prononcée.

Eric Breteau et Emilie Lelouch avaient été arrêtés en octobre 2007 au Tchad alors qu’ils s’apprêtaient à emmener en France 103 enfants présentés comme des orphelins du Darfour, une région du Soudan, mais dont la plupart étaient de nationalité tchadienne et n’étaient pas orphelins, selon des associations.

L’Arche de Zoé avait obtenu des sommes de plusieurs milliers d’euros auprès de 358 familles auxquelles était promise l’arrivée, sinon l’adoption, d’un orphelin originaire de la province soudanaise du Darfour.


Eric Breteau et Emilie Lelouch avaient été condamnés au Tchad à huit ans de travaux forcés pour tentative d’enlèvement d’enfants. La peine avait été commuée en années de prison en France, avant que le président tchadien ne prononce une grâce en leur faveur.

(Gérard Bon, édité par Yves Clarisse) 

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