29 mars 2014 TCHAD/France: Paris visé dans la disparition de l’opposant Ibni Mahamat Saleh. (La Lettre du Continent)
Les sénateurs français Jean-Pierre Sueur et Gaëtan Gorce maintiennent la pression à propos de la disparition, en février 2008 à N’Djamena, de leur ami Ibni Oumar Mahamat Saleh, principal opposant au président Idriss Deby.
Pour contourner "une mauvaise volonté affichée du gouvernement tchadien" de faire la lumière sur cette affaire plus de six ans après les faits, les deux parlementaires socialistes ont déposé, le 7 mars, une proposition de résolution. Ce texte cosigné par 70 autres sénateurs (voir ici) demande une commission d’enquête sur le rôle de Paris dans le sauvetage du régime Déby menacé par une rébellion durant la même période.
A travers cet "angle nouveau", Jean-Pierre Sueur et Gaëtan Gorce cherchent à déterminer un quelconque niveau d’implication, voire de complicité, des forces françaises ou des représentants de la France dans la disparition du président du Parti pour les libertés et le développement (PLD), dont le corps n’a jamais été retrouvé. Selon la résolution : "Plusieurs observateurs ont prétendu que la France aurait prêté son concours, au moins logistique, à la répression de la rébellion. Un témoin a par ailleurs affirmé avoir pu constater la présence d’un officiel français dans les locaux où aurait été détenu Ibni Oumar Mahamat Saleh. La collaboration de conseillers militaires français auprès d’Idriss Deby durant ces journées a également été évoquée".
Cette proposition de résolution doit être examinée prochainement devant la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat. Compte tenu de la gravité des faits avancés, il est peu probable qu’elle recueille l’adhésion d’une majorité de sénateurs. Et ce d’autant plus que le président tchadien connaît un retour en grâce auprès des autorités françaises depuis la participation déterminante de son pays à l’opération Serval au Mali ou suite à ses "médiations" dans la crise centrafricaine.
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tendant à la création d’une commission d’enquête sur l’action conduite par les représentants de la France, qu’ils appartiennent à l’armée, la police ou la diplomatie, lors des journées des 30 janvier, 1er, 2, 3 et
Cette affaire a été jugée suffisamment grave pour provoquer, l’intervention du Président de la République française qui s’engagea alors à plusieurs reprises à obtenir la vérité sur des événements qui suscitèrent également une résolution votée à l’unanimité par l’Assemblee Nationale le 25 mars 2010. Jusqu’à présent en vain.
La famille de M. IBNI OUMAR MAHAMAT SALEH ne s’est cependant pas résignée. Ainsi a-t-elle obtenu de la Chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris l’ouverture d’une information judiciaire le 20 juin 2013 pour les faits d’enlèvement et de séquestration accompagnés de tortures et d’actes de barbarie commis sur la personne d’IBNI OUMAR MAHAMAT SALEH (en vertu des articles 224-1 et 224-2 du code pénal). L’information judiciaire doit également permettre de vérifier la présence sur le sol français des personnes de nationalité tchadienne visées par la plainte.
Pour autant, elle se heurte à la mauvaise volonté affichée du Gouvernement tchadien. Aussi, afin de ne pas laisser ce dossier tomber dans l’oubli, vous est-il proposé de le reprendre sous un angle nouveau. Le rôle joué par les autorités françaises durant les événements n’a jamais été éclairci. Ainsi, plusieurs observateurs ont prétendu que la France aurait prêté son concours, au moins logistique, à la répression de la rébellion. Un témoin a par ailleurs affirmé avoir pu constater la présence d’un officiel français dans les locaux où aurait été détenu M. Ibni Oumar Mahamat Saleh. La collaboration de conseillers militaires
En application de l’article 51-2 de la Constitution, de l’article 6 de l’ordonnance n° 58-1100 du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires et des articles 6 bis et 11 du Règlement du Sénat, il est créé une commission d’enquête composée de 21 membres sur l’action conduite par les représentants de la France, dans le cadre de leur mission ou à leur initiative personnelle, qu’ils appartiennent à l’armée, la police ou la diplomatie, lors des journées des 30 janvier, 1er, 2, 3 et 4 février 2008 dans la capitale, N’djamena au Tchad.