En 1960, le Tchad comme la plupart des territoires d’Afrique noire, devint indépendant. Il s’agit d’une indépendance nominale « made in de Gaulle ».
 

Le 19 janvier1962, le premier Président de la jeune République prend une ordonnance N°003 pour dissoudre tous les partis politiques sauf le sien. Une telle dérive dictatoriale provoqua des remous et les conséquences ne tardèrent pas à tomber. Des arrestations arbitraires furent opérées par le pouvoir.  

 

Les militants des partis dissous qui ont échappé aux griffes du Président Tombalbaye s’exilèrent et décidèrent de créer la lutte armée. Sous l’étendard sanglant de Hassane Ahmat Moussa, le Front de Libération du Tchad (FLT) fera son baptême de feu le 10 décembre 1965 en attaquant la localité d’Adré. Zakaria Al Habo, chef d’Etat Major de cette armée qui était encore à l’état embryonnaire trouva la mort.  

 

Le 22 juin 1966, un second front verra le jour à Nyala au Darfour, il s’agit du Frolinat. Son baptême de feu aura lieu le 03 juillet 1966 à Mangalmé. Son chef d’Etat Major Abdelrassoul Mahamat Dancar tombera en martyr au cours de ce combat. Une troisième armée appelée 2ème armée du Frolinat dirigée par son chef d’Etat Major, Mahamat Alitahir dit « Abadi », ancien militant du parti UNT (Union Nationale Tchadienne) du feu Mahamat Abba Seid, attaqua le 5 Mars 1968 le poste d’Aouzou au Tibesti. Le Président français Charles de Gaulle envoie ses bombardiers A, 2,4 attaquer ses rebelles le 06 septembre 1968.  

 

Un journaliste français intrigué par cette intervention insolite interrogea l’homme de 18 juin 1940. De Gaulle lui répondit sèchement : « Le Tchad fait partie de l’épopée de la France Libre et je ne pouvais le laisser à la merci des éléments incontrôlés venus de l’extérieur. J’ai intervenu par pur sentiment ». Au 4ème trimestre de l’année 1968, le Frolinat fait des percées spectaculaires. Il volera au chevet de la population de Kindji et Ardafarate dans la circonscription de Bokoro. Le Président Tombalbaye, devant cette atmosphère d’insécurité qui se trouve à 300 kilomètres de la Capitale, conformément aux accords de défense signés le 11 Aout 1960 entre le Tchad et la France, demande l’intervention des troupes françaises dans notre cuisine politique. C’est ainsi que le 14 Avril 1969, nous assistons aux interventions massives des forces françaises sur terre et air. Des combats furent extrêmement violents au BET, au Centre et à l’Est du pays. Des localités telles que Bouddo, Yarda, Kirdimi, Moursou dans le Borkou Ennedi Tibesti et au Centre-Est, Kindji, Fodjo, Laboutigué, Amdagachi ont connu des affrontements très meurtriers. En France, le pouvoir change de mains, le Général de Gaulle démissionne et Georges Pompidou le succède à l’Élysée le 15 juin 1969 et maintien ses troupes au Tchad, cette politique de la terre brulée fait son bout de chemin.  

 

Pour des raisons que nous ignorons, le Président Pompidou décide d’effectuer une visite officielle le 26 janvier 1972à Fort Lamy (N’Djamena aujourd’hui). A la veille de son arrivée, les réseaux clandestins du Frolinat lancent des grenades à l’Ambassade de France, d’Israël et aux domiciles de certains Tortionnaires. Les gars du BET tels-Abderamane Marc Montegni, Jean Joya et Touka Youssouf ont exécuté courageusement leurs missions, ils ont atteint leurs objectifs. Mais ceux du Centre-Est ont failli, ils ont préféré jeter leurs grenades dans leurs WC. Au Centre une telle opération suicidaire, il faut la confier aux Moubis, Bilala ou Medogo, car ceux-là ont le gout de risques, d’exploit comme leurs compatriotes du BET.  

 

Le 13 avril 1976, c’est Moussa Djassousse, Hassan Abakar Adef, Mahamout Hassan et un quatrième Moubi et Bilala qui ont accompli leurs missions. Ces grenades ont été lancées lors des festivités du 13 Avril 1976 marquant la date de la prise du pouvoir par les Militaires voire par le péril Kaki. Le Président Georges Pompidou décéda le 1er avril 1974, mais pour éviter une confusion avec le poisson d’avril, la date de son décès fut décalée le 2 avril 1974. Agrégé de grammaire en 1935, dans la même année que le sénégalais Senghor, il fut un confident du général de Gaulle, son chargé de mission pendant la seconde guerre mondiale. C’est à lui que l’homme du 18 juin 1940 a confié son testament signé le 16 janvier 1951. Homme de caractère indécrottable, Pompidou selon son C.V, ne disait ni bonjour ni bonsoir à ses collaborateurs de l’Élysée. Âpres donc son décès, Monsieur Alain Poher, Président du Senat assure l’intérim conformément à leur Constitution. Les élections présidentielles furent organisées et c’est un autre grand intellectuel, Monsieur Valery Giscard d’Estaing qui fut élu et devint le locataire de l’Élysée. Celui- ci, après la chute de poste de Sallal, le 15Avril 1978 aux mains du Frolinat., dépêcha les bombardiers Jaguars entrer en action au Tchad.  

 

La bataille fait rage sur terre et air et c’est à Sallal que le mythe de l’invincibilité de cet « oiseau mécanique » tomba. A Sallal, Moussa Sougui et Issa Aboudahabaye ont fait leur preuve d’héroïsme : » Allah yar hamoume ». Interrogé par la presse française sur le mobile de cette intervention, le Président Giscard se contentera de dire que c’est juste pour limiter les exigences du Frolinat autour d’une table de réconciliation. Après Giscard, c’est le socialiste François Mitterrand qui est élu Président en mai 1981. Naïvement au sein du Frolinat, nous l’avions applaudi, car le 31 mai 1978, lors des combats de Djeddah dans le Batha, Monsieur Mitterrand en sa qualité du Secrétaire Général du Parti Socialiste et chef de l’opposition à l’Assemblée Nationale française avait déclaré je cite : « je trouve indigne pour soutenir quel dictateur je sais, l’armée française soit encore en campagne ».

 

Devenu Président, Monsieur Mitterrand a intervenu 5 fois en Afrique. Je vous invite à lire le livre du Premier ministre Pierre Messmer titré : (Les Blancs s’en vont). Le 10 Mai 1994, Monsieur Jacques Chirac, ancien Premier Ministre des Présidents Valery Giscard d’Estaing et François Mitterrand, puis Maire de Paris, est élu Président de la République. Il ordonna l’aviation française contre les hommes du Capitaine Mahamat Nour qui ont attaqué le 13 avril 2006, la capitale tchadienne.  

 

Après lui, c’est Monsieur Nicolas Sarkozy qui arrive aux affaires. C’est sous lui que l’affaire Arche de Zoé a eu lieu. Interrogé à la veille de son arrivée à N’Djamena au sujet de cette affaire concernant ses compatriotes détenus au Tchad, il rétorque : « je les ramènerai quoi qu’ils aient fait ». Effectivement, arrivé à N’Djamena, Deby lui a remis gracieusement ses compatriotes en détention chez nous. Nos juges ont travaillé le Dimanche pour découvrir un article manchot de nos codes qui permettent à ces seigneurs épidermiques d’être libres.  

 

Ce que j’ai cru comprendre dans la politique africaine de la France, c’est qu’il n’y a pas de nuances entre un Gaulliste et un Socialiste. C’est exactement la différence minime entre un chien et un chacal. La seule différence c’est que le chien est un animal domestique et le chacal un animal sauvage, sinon morphologiquement, ils ont beaucoup de ressemblance. Le Président Hollande est venu à N’Djamena le 19 juillet 2014, de sensibilité socialiste qu’Ibn Oumar Mahamat Saleh. D’aucuns ont pensé qu’il fera cas du dossier Ibn Oumar Mahamat Saleh. Rien de tout cela, il a observé un silence de cimetière et il est parti. Il y’a une autre actualité qui taraude nos esprits, c’est la conférence Afrique-Etats Unis du 4 au 6 Aout 2014. Le Président Barak Obama qui est notre frère biologique peut-il faire plier les républicains pour offrir quelque chose au continent africain ?
 

Bonne chance à Wal dal Khallah.

  

Al Hadj Garondé Djarma

Ville : N’Djamena

Email : garondedjarma@yahoo.fr

 

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