Il y a six ans, disparaissait dans des circonstances mystérieuses Ibni Oumar Mahamat Saleh, principal opposant au président tchadien Idriss Déby. « Pour entretenir la mémoire d’Ibni et pour la vérité, explique Jean-Pierre Sueur, sénateur PS du Loiret,nous demandons la création d’une commission d’enquête parlementaire ». La démarche ne fait pas l’unanimité (*).


Double jeu réciproque

En février 2008, alors que des rebelles menacent N’Djamena et le pouvoir d’Idriss Déby, « trois opposants au régime disparaissent dont le principal, Ibni Oumar Mahamat Saleh Le seul qu’on ne reverra plus », rappelle Jean-Pierre Sueur. Le sénateur du Loiret, qui a connu l’opposant alors étudiant à Orléans, rappelle « qu’un rapport international met en cause les plus hautes autorités tchadiennes sur cette disparition ». Il ajoute : « Je sais que Déby est très fâché par cette démarche, et on nous explique que ce n’est pas le moment Cela fait six ans que ce n’est pas le moment ! »
Pour André Dulait, sénateur UMP des Deux-Sèvres, ancien président de la commission des Affaires étrangères au Sénat, « la commission d’enquête parlementaire ne m’apparaît pas un outil indispensable dans ce dossier. L’interrogation faite au gouvernement devrait suffire à faire avancer la question. C’est au gouvernement de s’en emparer, plus qu’aux parlementaires. »
Le sujet ne semble pourtant n’avoir pas été abordé lors de la rencontre Hollande – Déby, la semaine dernière. A « une question de principe » du sénateur socialiste, François Hollande répond donc par la realpolitik.
Trois raisons : au Mali, les militaires français se sont appuyés et s’appuient sur les militaires tchadiens pour déloger les djihadistes ; la France vient d’obtenir du président tchadien le renforcement du dispositif français au Tchad en réponse au chaos qui règne dans le Sud libyen ; enfin, en République centrafricaine, la pacification ne fera pas sans les troupes d’Idriss Déby. En RCA, pourtant, la population majoritairement chrétienne voue une haine aux Tchadiens qui, ayant porté les milices Séléka musulmanes au pouvoir, ont participé des mois durant aux exactions contre les chrétiens.


(*) Hier, 65 sénateurs avaient signé cette demande.


Deux militaires tchadiens ont été tués et un autre blessé au cours d’affrontements dans un quartier de Bangui. Selon le général commandant les forces africaines, les victimes ont été attaquées alors qu’elles se déplaçaient à pied dans un secteur où elles n’avaient pourtant pas le droit de se rendre.


Bruno Besson
 
406 Vues

Il n'y a pas encore de commentaire pour cet article
Vous devez vous connectez pour pouvoir ajouter un commentaire