Le président tchadien Idriss Deby a évoqué jeudi « les relations difficiles » et le « dialogue de sourds » entre le Tchad et la Banque mondiale (BM), estimant que l’institution financière internationale « punissait le peuple tchadien ».

« Nous avons des relations difficiles avec la Banque mondiale. Nous sommes le seul pays africain qui n’a pas eu accès à l’initiative des pays pauvres très endettés », a déclaré M. Deby, actuellement en visite en France, lors d’une conférence de presse au siège du Medef, le patronat français.
« J’ignore ce qui se passe, j’ignore qui est derrière, mais c’est une injustice imposée au Tchad, il y a un problème », a-t-il poursuivi. « On est en train de punir le peuple tchadien », a-t-il lancé, évoquant un « dialogue de sourds » entre son pays et la Banque mondiale.

Le FMI et la Banque mondiale ont lancé l’initiative des pays pauvres très endettés (PPTE) en 1996 afin d’alléger la dette de certains pays, qui doivent satisfaire à certains critères, et notamment s’engager à réduire la pauvreté par des réformes. Le Tchad, l’un des pays les plus pauvres du monde (le taux de pauvreté atteint 87% en zone rurale) n’y a pas été admis.
« On nous dit: votre pays est endetté. Le Tchad s’est endetté pour construire des routes, des écoles, des centres de santé. La Banque mondiale ne pourra pas nous dire que nous n’avons pas évolué », a poursuivi M. Deby, arrivé au pouvoir par les armes en 1990 et réélu pour un troisième mandat en 2006.

« Aujourd’hui, nous avons au minimum une quinzaine d’universités, plus de 500 médecins que nous avons formés, le taux de scolarisation est passé de 7% à 90%, des milliers de salles de classes ont été construites, des hôpitaux, 3.000 km de routes goudronnées… Personne ne peut nous dire que nous n’avons rien fait », a-t-il déclaré.

Le président tchadien a critiqué les projets « pas adaptés aux besoins du pays » proposés par la BM.
« Je veux bien coopérer mais qu’on ne nous impose rien. Qu’on ne nous amène pas des projets où 90% des ressources vont être consommées en études, en forums, en voyages, en machins » a-t-il ironisé, dénonçant « le mode de fonctionnement de certaines institutions ».

N’Djamena et la Banque mondiale ont des relations tumultueuses. En 2008, la Banque mondiale avait mis fin à son accord d’aide au développement des infrastructures pétrolières du Tchad, celui-ci ne respectant pas, selon elle, ses engagements en matière de réduction de la pauvreté.

Source: lesechos.fr

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