Dans son dernier numéro du mois de mars 2014, le journal Abba Garde raconte un fait divers qui aurait pu passer inaperçu s’il ne concernait pas la haute sphère politique infestée de criminels en col blanc qui, profitant des faiblesses de nos administrations gangrenées par la corruption ambiante, ne reculent désormais devant rien pour obtenir de plus en plus des avantages indus.

Un de ces rapaces, en l’occurrence un ancien directeur de cabinet du Secrétaire général du MPS, n’a pas hésité à user de sa position pour faire établir un acte de naissance à un jeune de son entourage. Jusque-là rien d’extraordinaire dans un pays qui n’a jamais connu un état civil fiable (les naissances ne sont pas systématiquement déclarées ; les actes de naissance sont généralement établis vers l’âge de 6 ans lorsque l’enfant fait son entrée à l’école, etc.)

L’histoire devient cependant moins drôle lorsque l’ancien Dircab du SG du MPS a tenté de faire établir carrément une carte nationale d’identité à son jeune protégé. L’agent qui devait traiter la demande n’a pas cru ses yeux en lisant sur l’acte de naissance que le père de l’enfant se nomme « Idriss Déby Itno ». L’alerte est immédiatement donnée. Le jeune usurpateur a été rapidement démasqué par les fonctionnaires de la police judicaire qui l’ont cueilli sur place. Après quelques minutes d’interrogatoire exagérément musclé, il a tout avoué avant de dénoncer le véritable fraudeur qui n’est personne d’autre qu’un ex-Dircab du SG du MPS. Celui-ci, appréhendé à son tour, a reconnu être à l’origine de la fraude documentaire. Selon le journal Abba Garde, n’eut été la prompte intervention de Nagoum Yamassoum (ex-SG du MPS et actuel Président du Conseil constitutionnel), auprès de la PJ pour obtenir la libération du fraudeur, ce dernier aurait atterri sans doute à Amsinéné.

Une question tarode toutefois les esprits: pourquoi ce haut responsable du MPS souhaitait faire établir à son jeune protégé des papiers d’identité au nom d’Idriss Déby Itno ? Cette question, on l’a tournée et retournée dans tous le sens sans parvenir à obtenir une réponse pertinente. Au lecteur de se faire sa propre opinion.

La fraude documentaire, facilitée par la corruption généralisée qui sévit au Tchad, permet non seulement à des Tchadiens de se faire établir divers actes de naissance plusieurs fois dans leur vie (essentiellement pour réduire leur âge dans l’espoir d’intégrer la Fonction publique), mais aussi à des Camerounais, Sénégalais, Maliens et Centrafricains d’obtenir plus facilement le passeport tchadien que celui de leur propre pays. Les Soudanais, eux, en usent et en abusent en Europe pour obtenir le statut de réfugié politique.

 

© Tchadoscopie

 

Fraude documentaire : un faux fils d’Idriss Déby démasqué par la police judiciaire
 

 

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