La décision du Conseil constitutionnel est notifiée au bureau de l’Assemblée nationale depuis le vendredi 04 novembre 2016. Mais une semaine après, la motion de censure est toujours à l’Assemblée nationale sans être transmise au Gouvernement.

 

A quel jeu se livre Haroun Kabadi ? La question mérite sérieusement d’être posée. Il est désormais évident pour tous qu’en dehors de sa propension frénétique à la prédation, ce prétendu agronome que le gouvernement de l’époque avait contesté la qualification académique manque cruellement d’intelligence et n’excelle que dans les initiatives malheureuses. Dépourvu de mémoire, il ne tire aucune leçon de ses nombreux déboires et bourdes. C’est lui, alors secrétaire général (SG) du MPS, qui fut à l’initiative de quelques scélérats projets de lois constitutionnelles, dont celui consistant à faire du chef de l’Etat, un président actif de son propre parti et ce en violation de la Constitution qui garantit un statut d’arbitre au Président de la République. Il a fallu tout le trapézisme d’un Houdeingar David alors Président du Conseil Constitutionnel pour limiter les dégâts en élaguant du projet de loi soumis à la sanction de son institution, les dispositions contestables. Il ne s’est pas avoué battu et telle une mule, est revenu à la charge au Congrès suivant en faisant adopter une résolution donnant pouvoir au Président Fondateur du MPS de nommer les membres du BPN, ce qui revient au même en faisant de celui le dirigeant actif de son parti. En dépit de cette résolution du Congrès toujours en vigueur, Idriss Déby qui a perçu tard le piège, s’est contenté de faire des nominations verbales sans les formaliser par un texte de peur d’une poursuite en forfaiture. Depuis lors, de Nadingar à Zen Bada, aucun SG du Mps ne peut produire un acte de nomination dûment signé par l’autorité de désignation. Par la faute de Kabadi, le Mps s’est définitivement installé dans l’informel. C’est aussi Kabadi, encore lui, alors SG du MPS qui initia un projet de loi devant désigner le Sg du MPS qu’il était et sans qualité de parlementaire, comme le chef de la majorité parlementaire, ruinant au passage toute l’économie politique du régime politique institué par la Conférence nationale souveraine (CNS) en 1993. Pour son malheur et pour le salut de nos institutions, l’initiative a fait long feu, mais sans jamais l’ébranler outre mesure. Droit dans ses bottes, il récidivera. Encore. Après l’adoption du projet de loi sur le pastoralisme et s’être informé que l’opposition se préparait à saisir le Conseil Constitutionnel en inconstitutionnalité de celle-ci, Kabadi a tout simplement refusé de la mettre en forme et de l’envoyer au chef de l’Etat dans les délais pour promulgation. Mal informé par Kabadi et face à la désapprobation générale et populaire consécutive à cette adoption, le chef de l’Etat s’est laissé engouffrer et discréditer dans une illégalité en retirant une loi déjà adoptée par le parlement et non encore promulguée. Ce fut la plus grande honte et le grand scandale juridique du quinquennat finissant. Et Dieu seul sait si cette gaffe n’a pas été payée cher par le candidat Déby en avril 2011. Le Conseil pour sa part, s’en était tenu au droit et a souverainement déclaré inconstitutionnelle la loi sur le pastoralisme.

 

Et comme si tout cela ne suffisait pas, et n’ayant jamais été inquiété pour ses crapuleries, revoilà Kabadi, toujours à la fausse manœuvre. Sachant pertinemment que l’opposition allait déposer une motion de censure contre le Gouvernement à l’occasion de la plénière de l’Assemblée nationale le 12 septembre 2016, Kabadi s’est débiné. Confiant la direction des débats à un de ses vice-présidents. Subrogé dans les droits du titulaire conformément à l’article 16 du Règlement intérieur, celui-ci a accusé réception de la motion et l’a lu comme il se doit à la plénière. A la fin de la séance, le vice-président rend compte à son titulaire qui a du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale très spécieuse lecture. Il estime que son président n’a pas qualité pour recevoir la motion de censure et refuse donc de la transmettre au Gouvernement. Kabadi devra bien un jour nous expliquer pourquoi les lois votées à l’issue des séances présidées par ses vice-présidents n’ont jamais été contestées, mais seulement la motion de censure. Malheureusement, dans cette manœuvre ridicule, Kabadi a joué contre son propre camp en donnant à l’opposition l’occasion de ridiculiser la majorité aujourd’hui sur le banc des hors-la-loi suite à la percutante décision du juge constitutionnel.

 

La décision du Conseil constitutionnel est notifiée au bureau de l’Assemblée nationale depuis le vendredi 04 novembre 2016. Mais une semaine après, la motion de censure est toujours à l’Assemblée nationale et pas encore transmise au Gouvernement. Entretemps, des volées de bois verts s’abattent sans ménagement sur Nagoum, le tamtam et son équipe, par tout le gotha du MPS et ses alliés. Le Premier ministre lui-même crie à la trahison de Nagoum qui aurait dû tordre le coup à la loi au nom de leur amitié et se montrer fidèle à la ligne du parti qui l’a propulsé à la tête du Conseil contusionne justement comme pare-feu aux égarements du MPS.

 

Ces successifs actes de sieur Kabadi sont une insulte à l’Etat de droit et à la promotion de la République. De surcroit, ils donnent du MPS une image hideuse et exécrable. Comme quoi, les imbéciles, mêmes fidèles, sont pires que les ennemis et Déby serait sans doute bien inspiré de s’en méfier car au final, c’est lui qui paie la note et elle commence à être sérieusement salée par la faute de cet individu aux mœurs peu honorables et à la sociabilité disputée.

 

L’opposition requérante n’a pas encore dit son dernier mot et n’exclut pas de trainer le molosse du Palais de la Démocratie devant la haute Cour de Justice pour forfaiture. Bien entendu !

 

Raymond Fahttah D.T

 

535 Vues

Il n'y a pas encore de commentaire pour cet article
Vous devez vous connectez pour pouvoir ajouter un commentaire