Tchanguiz Vatankah est né le 9 mai 1944 A ISPAHAN en IRAN. Il est titulaire d’une licence en économie et commerce international qu’il a obtenu en Inde. Il est le président de l’Association pour la Protection de l’Environnement (APEN), défenseur des droits de l’Homme, Rédacteur en chef de la Radio Brakoss jusqu’à sa mort le 9 Janvier 2014. Il a été par ailleurs président de l’Union des Radios Privées du Tchad (URPT) en 2006.


ENTRETIEN AVEC TCHANGUIZ VATANKAH (RÉALISÉ PAR GAPILI MISSET) :

Tchanguiz Vatankah

Cet entretien, je l’ai réalisé en 2008 dans un studio de la Radio Terre Nouvelle de Bongor pour mon émission « un Homme, un Métier ». Je le partage avec vous pour que chacun de nous puisse se rappeler de cet Homme qui a mis sa vie au service de la population tchadienne. En sa mémoire, prenez quelques minutes de vos précieux temps pour le parcourir. Paix à son.

 
Tchanguiz Vatankah est né le 9 mai 1944 A ISPAHAN en IRAN. Il est titulaire d’une licence en économie et commerce international qu’il a obtenu en Inde. Il est le président de l’Association pour la Protection de l’Environnement (APEN), défenseur des droits de l’Homme, Rédacteur en chef de la Radio Brakoss jusqu’à sa mort le 9 Janvier 2014. Il a été par ailleurs président de l’Union des Radios Privées du Tchad (URPT) en 2006. Cette interview, que j’ai sélectionné pour vous quelques extraits a été enregistrée en 2008 à la Radio Terre Nouvelle de Bongor. Il nous parle ici de sa vie, de ses projets et il donne son opinion sur la liberté de la presse au Tchad.
 

Sa venue au Tchad
 
«J’ai quitté l’Iran quand j’avais une vingtaine d’année. Je suis un pionnier de la Foie Bahaïe. …..En 1976, il y avait une grande conférence de la Foie Bahaïe à Paris……. Ils nous ont dit que le Tchad était un pays très difficile, le climat, le soleil, et j’ai dit que nous allons choisir de partir au Tchad ….et quand on est arrivé (en famille), j’ai vu que ce n’est pas comme ce que les gens en parlent……Apres Sarh, nous sommes allé s’installer à Moissala…..Moissala c’était une ville très intéressante et nous avons été bien accueilli par le chef de canton Haroun
 
Tatala. ….Au départ, nous avons commencé un peu le commerce. Ma femme a ouvert un super marché et un dépôt pharmaceutique, et en 1984 quand il y avait les évènements, tout a été pillé y compris notre maison. C’est comme ça que nous sommes rentrés dans les activités de développement socio-économique….Nous avons ouvert une (1) école et la situation de santé était une catastrophe, nous avons pensé ouvrir 3 dispensaires, et envoyer quelques jeunes se former comme infirmier. J’ai aussi formé plusieurs groupements des femmes et des groupements mixtes, construits quelques bâtiments avec l’appui des ONG. Et j’ai vu que la sensibilisation était très large, parce que nous partons village par village pour la sensibilisation, c’est pourquoi j’ai pensé déjà entre 1988-1989 d’ouvrir une radio….. Et c’est quand la démocratie est arrivée que nous avons eu l’autorisation de fonctionnement de la radio le 18 mars 1996 et ça a commencé à fonctionner en Juin 2000…….Nous lui avons donné le nom de Brakoss. Brakoss, c’est un paysan que son grenier ne finit jamais et il mange son céréale de l’année passée. L’idée, c’est que tout le monde soit Brakoss pour une autosuffisance alimentaire dans la région………
 

La Prison et le refus de quitter le Tchad
 
En 2006, jetais président de l’URPT et nous avons fait passé un message pour dire « dialogue avant élection » et cela m’a couté une vingtaine de jours de prison……Et à la police ils m’ont demandé de choisir un autre pays. J’ai dit non. D’abord après le décès de ma femme, je me suis marié à une femme tchadienne de la région. J’ai dit si vous voulez, attacher ma main et mon pied et me mettre dans l’avion, d’accord, mais volontairement je ne quitte pas. C’est comme ça que le HCR a été chargé de me chercher un pays d’accueil. Et dès que j’étais libéré, le HCR m’a appelé que le Pays Bas était d’accord pour m’accepter la bas avec tous les moyens financiers. Je leur ai dit, dans aucune condition je n’accepte partir. Ils ont été tellement fâchés, et m’ont dit que si prochainement quelques choses t’arrivent, ils n’interviennent pas. J’ai dit, aucun problème. C’est comme ça que j’ai refusé totalement de quitter le Tchad.
 

La nationalité Tchadienne
 
J’ai déposé à deux reprises les demandes de nationalité. Première fois, ils m’ont dit que c’est perdu. Deuxième fois, ils m’ont dit que c’est sur les stencils tout est fait jusqu’à la présidence etc., mais j’ai vu qu’ils sont entrain de me tromper, j’ai laissé. Jusqu’à aujourd’hui je n’ai pas introduit une autre demande de nationalité …..Parfois les gens me demandent est ce que un jour tu vas rentrer dans ton pays. Je ne sais pas à cet âge, je vais aller faire quoi dans mon pays. Même les membres de ma propre famille, je ne pourrais pas les connaitre, même les enfants qui sont nés après moi, je ne connais aucune personne, mais ici j’ai une large famille, j’ai beaucoup des enfants adoptifs, ma famille est ici, je ne pense pas que y a nécessité d’aller quelque part. Bon quand la mort arrive, on peut trouver une petite portion de terrain pour être enterrer, c’est tout.
 

La liberté de la Presse
 
La liberté de presse au Tchad est une réalité, nous avons une très bonne loi qu’il faut mettre en pratique. En réalité, sur le terrain les choses sont différentes. Par exemple la loi ne permet pas à n’importe qui d’intervenir dans le problème des journalistes, d’une radio, d’une presse. Mais, nous avons vu un Ministre ordonner la fermeture de la radio FM Liberté, un ministre ordonner l’arrestation d’un directeur de publication Et le Haut Conseil de Communication ou est sa responsabilité. En réalité si le Haut Conseil de Communication fait son travail, je vois qu’il n’y aura aucun problème. L’autorité locale n’est pas préparée pour faire la différence entre la radio privée et la radio nationale. Parfois on nous appelle pour nous dire que la RNT n’a pas dit telle ou telle chose pourquoi vous osez la dire….J’espère que un jour viendra où chaque sous-préfecture va avoir une ou deux ou trois radio et il y aura une véritable concurrence entre les radios et les meilleures informations et éducations seront données à la population.
 

L’avenir politique du Tchad
 
J’ai espoir de l’avenir politique du Tchad. Même en Europe ce n’est pas en 1 an ou 2 ans ou 10 ans qu’ils ont trouvés la démocratie. C’est après des centaines d’années de travail, qu’ils ont trouvé la démocratie. Ce n’est pas pendant 15 ans de démocratie que nous allons dire que au Tchad tout est ok. Ça prendra de temps. Il y a un problème de volontés des populations elle-même. Quand elles voient que quelques choses ne marchent pas, elles doivent réclamer. Si elles ne réclament pas ça veut dire qu’elles sont indifférentes. Moi je suis certain que dans les années avenir tout va changer…
 

La peur
 
L’existence et la mort sont dans la main de Dieu…On ne doit pas avoir peur…Par exemple aujourd’hui je voyage de Moissala à Ndjamena à moto aller-retour, tout le monde me dit que c’est le risqué, mais….on doit avoir le courage par rapport à des choses qui peuvent arriver.
 

Les projets
 
Mes projets, J’étais intéressé d’ouvrir une télévision à Moissala.
 

Les conseils
 
Si j’ai un conseil a donné à nos amis journalistes, le souhait est que les informations doivent être toujours vérifiées, vérifier pour ne pas donner l’opportunité à quelqu’un pour dire que votre information est fausse. Maintenant si l’information est vraie, n’importe quoi qui arrive, on peut combattre et continuer.
 

Etre au service des autres
 
Quand je vois que quelqu’un est arrêté et maltraité, ça me choque, ça me dérange et je vais faire tout pour libérer cette personne innocente.
 
……. Dans la vie ce qui est important, c’est de trouver là où tu peux rendre un service. Je ne sais pas si à Paris je pouvais rendre un service. Mais trouver des possibilités, défendre les intérêts des autres, faire quelques choses, participer à l’éducation des citoyens, je pense que c’est ça qui est plus important …..
 

Mot de la fin
 
Le travail de journaliste est un travail dangereux, mais vous avez accepté ce métier, vous devez continuer avec courage pour rendre service aux autres…. En réalité notre plume pouvait être cassé, notre micro pouvait être cassé, notre tête pourrait partir…ça pourrait arriver, mais le service que nous rendons est plus important….le journaliste est un métier dangereux. Pour un oui ou pour un non tu peux perdre ta tête. En réalité, il faut le faire avec du courage pour ne pas perdre l’opportunité ».
 

Interview réalisé par Gapili Misset 
Remerciements à Houle Djonkamla pour l’initiative de publication. 
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