Comme promis dans nos précédents écrits, nous essayerons de parler de l’armée Tchadienne, pardon de ce qui y tient lieu. Créée en 1961 soit une année après l’indépendance du Tchad, l’Armée Nationale Tchadienne, importante institution de l’Etat a vécu le temps d’un régime. Les généraux Doumro puis Félix Malloum qui l’avaient successivement dirigée, avaient déjà eu maille à partir avec le président de la république de l’époque Ngarta Tombalbaye.


Le mimétisme de la structure militaire sur la France a tenu pendant deux décennies avec toutes les injustices et abus que l’on connait avant de s’effondrer à l’arrivée des groupes du frolinat aux affaires avec toute leur pagaille. Dans les années 82-84, le régime de l’ancien Président Habré avait essayé de corriger les inégalités ethniques et régionales avec le système des officiers et sous-officiers assimilés, mais ce fut un échec dont l’explication se trouve en grande partie dans les méthodes de son chef d’état major des armées de l’époque Idriss Deby.


L’avènement du MPS a
u pouvoir a sonné le glas de l’armée Tchadienne. Pourtant depuis 1990, se trouve à la tête de l’Etat Idriss Deby, militaire formé, même si sa formation est douteuse, vu l’état désastreux de cette armée. Sorti de l’école d’officier inter-armée de Ndjamena avec comme camarades de promotion les colonels Abbas Koty et Becher Moussa qui ont toujours mis en doute ses compétences et n’ont pas hésité à le dire haut et fort pour le bien de notre pays. Cette vérité, hélas n’était pas bonne à dire, ils ont tous les deux payé de leur vie. Cet officier (Deby) qualifié tambour battant de « renard du désert » par certains fayots et certaines officines généralement intéressés n’est en réalité rien d’autre qu’un général d’opérette, prêt à prendre sa jambe au cou à la moindre étincelle. Nous reviendrons dans un prochain article sur ses faits d’armes. Ce qui nous intéresse ici, c’est l’armée Tchadienne.


Rappelons que le rôle d’une armée est d’assurer la sécurité du territoire national contre toute agression étrangère et d’observer une neutralité absolue sur le plan intérieur, afin d’être le garant de la sécurité et la cohésion nationales. Dans la réalité l’armée tchadienne est devenue un instrument d’équilibre politique utilisée par Deby pour intimider sinon opprimer les tchadiens pour ainsi dissimuler ses carences derrière la brutalité. Au regard des missions qu’elle a accompli et les terrains sur lesquels elle s’est distinguée, cette armée a toutes les caractéristiques d’une milice familiale en perpétuel mouvement. Si elle n’accompagne pas Deby dans ses escapades régionales, elle tourne d’une région à une autre comme pour dire attention à ceux qui veulent s’offrir un minimum de liberté de parole ou de dénonciation. Pire elle est engagée à l’extérieur du Tchad au mépris de tous les usages légaux, pour des raisons de mercantilisme propre à Deby, dans des guerres qui ne la concerne absolument pas : RDC, Congo Brazzaville, Mali, Soudan, Centrafrique etc.… à tel point que les ressortissants de ces pays considèrent les Tchadiens comme des parias.


Sans revenir sur les états généraux des armées dont les résolutions pertinentes ont été simplement jetées à la poubelle, il faut dire que les effectifs de cette armée ont été gonflés à dessein pour que le chef suprême des armées (Deby) puisse par divers subterfuges puiser à volonté sur le budget de cette armée. En effet il n’est pas le seul à se servir du budget de l’armée, car chaque responsable militaire dispose d’une liste fictive de plusieurs dizaines voire centaines dont les soldes lui sont directement versés à la fin de chaque mois. Cette pratique permet à Deby de détourner le regard des officiers de son train de vie ostentatoire et de celui de sa famille, mais elle lui permet également de tenir les officiers dont la loyauté devient un impératif de chaque instant. Ainsi, officiellement, l’ANT est composée de 30.000 hommes repartis comme suit : 18.000 hommes dans l’armée de terre, 7.000 hommes dans la gendarmerie et 5000 hommes dans la garde nationale et nomade (GNNT).


Dotée d’une quincaillerie vétuste acquise à coup de milliards de dollars notamment en Ukraine, composée de 2 hélicoptère MI-24, 3 avions SU 25, une centaine de chars et une cinquantaine de RAM, cette armée budgétivore n’est en réalité qu’un alibi arrangé par Deby pour dilapider l’argent public. En février 2014, plus d’un milliard de dollars ont été décaissés sur les revenus petroliers pour l’achat de 600 véhicules Toyota et une énorme quantité d’arme par l’intermédiaire de deux de ses fils. Avec le cynisme qui le caractérise et surtout pour humilier l’armée, Deby nomme souvent à la tête de l’armée un de ses fils ou neveux après l’avoir promu général, grade aujourd’hui à la mode au sein de son clan. Nous pouvons ainsi recenser une bonne vingtaine de généraux uniquement de sa famille ITNO, pendant que des communautés entières n’en comptent pas un seul général en activité. Pour camoufler son jeu, le chef d’état major général des armées est choisi parmi les officiers malléables et son adjoint, le véritable décideur reste toujours un membre de sa famille.


Depuis 2006, des jeunes de l’ethnie de Deby sont discrètement recrutés par centaines chaque année et promus aux grades de capitaine et commandant pour les plus jeunes et colonel pour les plus âgés. Plus étonnant, est la promotion par «décret muet » aux grades supérieurs des vieilles femmes d’Amdjarass dont les fils sont morts aux combats pour leur permettre de bénéficier de salaires en plus des gratifications faites par le même Deby à l’occasion de chaque descente à Amdjaras. Ces jeunes qui n’ont reçu aucune formation, souvent drogués et armées jusqu’aux dents sont des véritables machines à tuer. Voilà ce que les esprits malins appellent armée Tchadienne. Pris par le découragement, les vrais militaires de formation ont eux-mêmes demandé leurs mis en disponibilité et pour d’autres la retraite anticipée. Il ne reste que ceux qui ne savent que voler, tuer et violer, d’où chez nous au Tchad le treillis fait peur pendant que partout ailleurs il rassure le citoyen. Thomas Sankara disait « un militaire sans formation est un criminel en puissance ». Il est clair que Idriss Deby Itno et les siens sont des criminels qui finiront un jour par payer tous les actes ignobles commis sur les paisibles citoyens Tchadiens mais aussi les ressortissants des pays ayant subis leur folie meurtrière.


Cependant, le peuple en lutte ne doit pas baisser les bras face à l’arbitraire. Le ras-le-bol général qu’exprime le peuple tchadien partout dans nos villes et villages mérite le soutien de tous. Fidèle à ses idéaux de liberté, de justice, et de démocratie, jeunesse ARDACHI appelle à la convergence de toutes les forces vives pour donner un coup de grâce à ce régime déjà à bout de souffle.

 

Fait à N’djamena le 20 juin 2014

Jeunesse ARDACHI

 

753 Vues

Il n'y a pas encore de commentaire pour cet article
Vous devez vous connectez pour pouvoir ajouter un commentaire