La situation est alarmante

Le lac Tchad, réserve d’eau commune à quelque 30 millions de personnes riveraines, s’étiole à vue d’œil. Sa superficie, de 25 000 km2 en 1975, s’est réduite aujourd’hui à moins de 2 000 ! Le Tchad, le Cameroun, le Niger, le Nigéria, la République centrafricaine et la Libye ont pris très tôt la mesure de la catastrophe annoncée, mais se heurtent au coût colossal du financement pour contrer l’avancée de l’ensablement du lac. Malgré la constitution de la Commission du bassin du lac Tchad, la plupart des solutions ébauchées n’ont pas encore vu un début de mise en pratique faute de financements. C’est pour prendre le taureau par les cornes que le représentant spécial de l’ONU pour le Sahel, l’ancien Premier ministre italien et ancien président de la Commission européenne Romano Prodi, va rassembler les représentants d’une soixantaine de pays et d’organisations internationales les 4 et 5 avril prochains en Émilie-Romagne. Il s’agit de gagner ce qu’il reste de course contre l’avancée au galop du désert en mobilisant décideurs et donateurs.

 

 
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L’ancien Premier ministre italien et ancien président de la Commission européenne Romano Prodi
Jusqu’à une époque pas trop éloignée, les eaux du lac Tchad représentaient l’une des plus importantes réserves d’eau douce d’Afrique. Mais le risque qu’il court aujourd’hui en tant que ressource hydrique vitale est tout simplement celui de sa disparition, pas moins ! Le désastre serait écologique, mais ce serait avant tout une gigantesque catastrophe humaine aussi. La pauvreté des populations riveraines a déjà conduit à la contestation conflictuelle autour de ce qui reste de terres arables sur le pourtour du lac. Pêcheurs et éleveurs se disputent, alors que tout autour poussent des villages dont la survie dépend directement de celle du lac. C’est cela qui pousse la communauté internationale à épouser la cause du sauvetage du lac Tchad. Il s’agit d’investir dans un processus conduisant au renversement de la tendance actuelle, résultat à la fois des changements climatiques, de la surpêche et du surpâturage autour de ce point de survie, de cette véritable oasis géante aux portes du Sahel. Une des solutions qui fait son chemin serait que le lac reçoive un supplément d’eau puisée dans le fleuve Congo. Cela demande la construction d’un aqueduc de plusieurs milliers de kilomètres. Et la volonté politique de conduire à bonnes fins une entreprise aussi pharaonique.
 


Les États traversés par le grand fleuve sont d’accord, avec certaines réserves. D’ailleurs, des pays comme les deux Congo, le Soudan et l’Égypte ont le statut d’observateurs au sein de la Commission du bassin du lac Tchad. En tout cas, la présence annoncée à cette conférence du président Mahamadou Issoufou du Niger, de Olusegun Obasanjo, ancien président du Nigéria, de la présidente de la Commission de l’Union africaine (UA) Nkosazana Dlamini-Zouma et du président tournant de l’UA, Mohamed Ould Abdel Aziz, président de la Mauritanie, montre assez bien l’importance que l’Afrique accorde à cette question.
 


Lucien Mpama

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