C’est une région oubliée qui ne dispose pas des moyens de subsistances les plus élémentaires : ni électricité, ni réseau de distribution d’eau, ni moyens de communication, ni routes asphaltées [
selon la presse locale, ce village de 5 000 habitants est doté d’un seul générateur électrique qui ne fonctionne que durant la nuit et d’une seule école]. Les conditions de vie difficiles poussent parfois les habitants à tenter n’importe quoi pour gagner de l’argent.
Ces gens qui transportent les immigrés clandestins sont des chômeurs qui ne perçoivent aucun salaire. Ils n’ont aucune source de revenus et les emplois sont rares. C’est pour cela que certains d’entre eux travaillent comme passeurs.
Un groupe de migrants, dont des Nigériens tentent de rallier la Libye, entassés à l’arrière d’un camion. Vidéo tournée par Khaled Wahli.
L’ironie de tout cela est que le village se trouve dans une région riche en ressources souterraines, notamment l’eau et le pétrole dont l’exploitation permet à l’État d’engranger des centaines de millions de dollars de bénéfices chaque année. Mais mis à part quelques postes administratifs à l’école primaire, il n’y a pas d’emplois à pourvoir dans le village.
Quand nous abordons le problème de l’immigration clandestine, le pouvoir central se défausse de ses responsabilités en nous disant qu’il est difficile de contrôler les frontières parce qu’elles s’étendent sur de longues distances. Et il ne se soucie pas davantage du développement économique de la région.
Dans le sud-ouest du pays, près des villes d’Al-Qatroum et Oum el-Aranib, des immigrés clandestins sont quotidiennement arrêtés par les éléments des brigades des ‘martyrs d’Oum el-Aranib’ et du ‘Bouclier du désert’ [des brigades locales]. Ils sont détenus pour une courte période puis reconduits aux frontières avec le Tchad et le Niger. Mais cela ne sert à rien, cette méthode s’est avérée inefficace parce qu’ils finissent toujours par revenir. Les autorités devraient plutôt consacrer leurs efforts au développement de ces régions défavorisées.