Après les révélations sur la livraison de Youssouf TOGOIMI par Kadhafi à Idriss DEBY, l’ancien patron des services de renseignements de Kadhafi a fait d’autres révélations qui feront l’effet d’une bombe au Tchad. Celles-ci concernent la mort du leader tchadien Acyl Ahmat Akhabach décédé le 19 juillet 1982, frappé à la tête par l’hélice d’un aéronef à sa descente. Du moins, ce fut la version officielle servie à sa famille mais aussi à ses éléments armés, sympathisants, et plus généralement à l’opinion nationale et internationale.

Les éclats de cette nouvelle bombe à fragmentation lancée par Abdallah Senoussi, toucheront sans conteste de nombreux acteurs de cette période sombre de l’histoire des conflits tchado tchadiens mais aussi permettra de mettre le doigt sur la folle détermination de la Libye dans sa politique expansionniste au Tchad. Flash back et explications.

Qui était Acyl AHMAT ? Quelle était sa place, son importance parmi les onze tendances politico-militaires qui se sont affrontées ? Quelle était sa position sur l’échiquier de la politique d’annexion d’une partie du Tchad par la Libye et enfin pourquoi l’a-t-on tué ? Comment l’a-t-on assassiné et maquillé son assassinat en accident ? La main assassine est-elle libyenne, ou tchadienne ? Si, elle est tchadienne, d’où vient–elle, et de quel camp ?

D’ethnie arabe, Feu Acyl Ahmat Akhabach était le chef du CDR (Conseil Démocratique Révolutionnaire), il avait une importante force militaire et occupait sur le plan politique, une position centrale. Choyé par Khadafi qui voyait en lui, l’arabe qui devait assurer le prolongement au Tchad de sa politique de développement de la nation arabe. Son groupe militaire faisait partie de la coalition regroupée autour de Goukouni Weddeye soutenue, équipée en armes, munitions et argent par la Libye. (Voir pour plus de détails, notre dossier sur les évènements politico-militaires ).

Aux termes des accords de Kano, il hérita du poste de Ministre des Affaires Etrangères du GUNT, poste qu’il n’occupa point étant toujours resté en Libye. Pour rappel Goukouni était le Président du GUNT, Kamougué Vice-Président, Hissein HABRE, Ministre de la défense. Pour résumer, après quelques mois d’existence, le GUNT vole en éclats et la guerre éclata entre les tendances politico-militaires tchadiennes. Elle opposa le camp de Hissein HABRE à celui des autres tendances favorables aux thèses libyennes. Cette terrible guerre dura 9 mois et prit momentanément fin avec l’envahissement du Tchad par l’armée libyenne venue en renfort. Hissein HABRE et ses hommes se replient à l’Est et organisent la résistance contre l’occupant libyen. Cette résistance se renforce quotidiennement à cause de la répression et des humiliations subies par les Tchadiens. La grande coalition des différentes forces regroupées autour de Goukouni et Acyl AHMAT subit d’importants revers. Les FAN gagnent du terrain et se dirigent vers la Capitale, siège du pouvoir central.

Nous sommes à l’approche de juin 1982, Goukouni et Acyl Ahmat sont à Ndjamena avec leur staff, les nouvelles ne sont pas bonnes, les FAN progressent vite et font peser sérieusement la menace sur la Capitale.

 

Goukouni et son état-major se concertent et échafaudent des plans de riposte mais quelque chose les chiffonnent. L’attitude d’Acyl AHMAT, son manque d’entrain. Il a positionné ses hommes à Bousso, Bokoro, Dourbali et  semblaient loin d’avoir le cœur à l’ouvrage. Goukouni décide de se rendre au domicile d’Acyl AHMAT et de voir avec lui ce qu’il en ait. Acyl AHMAT le reçoit et lui exprime très clairement sa décision d’arrêter la guerre. « Mes hommes ne combattront pas les FAN. J’ai décidé de donner une chance à la paix et à la réconciliation. Momentanément, je vais me rendre au Nigéria, après j’aviserai ». Furieux, Goukouni quitte la pièce.

48 heures plus tard, les FAN d’Hissein Habré prennent le pouvoir en s’emparant de la Capitale Ndjamena. Goukouni et son staff traversent le fleuve Chari, passent par le Cameroun puis le Nigeria pour regagner la Libye ; pour ensuite, quelques mois plus tard, être à nouveau équipés et armés par la Libye pour attaquer le Tchad par la frontière libyenne.

Acyl AHMAT, en ce 19 juillet 1982 a, rendez-vous, avec le Colonel Kamougué, lui même replié au Sud avec ses hommes devant l’offensive des FAN d’HH. Il arrive à l’aéroport de LAÏ en provenance de Maïduguri (Nigéria), et trouve la mort à sa descente de l’avion. Sa mort brutale mais aussi l’incroyable précipitation pour l’enterrer, a jeté un doute sur les circonstances de sa mort. De nombreuses personnes ont toujours douté que sa mort ait été accidentelle. Aujourd’hui, Abdallah Senoussi vient de jeter un pavé dans la mare, en évoquant son assassinat. Acheikh Ibn Oumar remplacera Acyl AHMAT à la tête du CDR, rejoindra à nouveau la coalition dirigée par Goukouni  au Nord du pays, continuant la poursuite de leurs ambitions mais aussi l’exécution de la politique libyenne. La page Acyl Ahmat vient d’être tournée par la Libye mais aussi par son entourage politique.

Selon, ce que dit Abdallah Senoussi, Acyl AHMAT négociait avec Hissein Habré, avec leur ennemi numéro 1. Chose totalement inexcusable voire insupportable pour les Libyens. Khadafi et ses proches ne pouvaient accepter l’idée que le chef du CDR en ait eu marre de la politique libyenne, ait choisi l’intérêt national, l’intérêt de son pays en donnant une chance à la paix et à la réconciliation. Acyl AHMAT avait fait confiance à Hissein Habre et avait choisi de tourner le dos à Khadafi. Tourner le dos à Khadafi signifiait aussi, tourner le dos à Goukouni et à tous ceux qui étaient, encore, au service de la Libye, y compris dans son propre entourage. Un énorme risque. Faut-il s’étonner alors que moins de deux mois plus tard, il fut assassiné.

Acyl AHMAT était un homme entier, courageux, aimé des siens et de ses hommes. C’est aussi un homme droit, plein de principes. S’il fallait faire la guerre, il la faisait avec ses tripes et quand il voulut construire la paix, il l’a tenté à la loyale en informant ses amis d’antan, défiant ce marigot d’hommes politiques tchadiens totalement inféodés à Khaddafi.

Le staff de Goukouni a toujours proclamé qu’Acyl AHMAT les avait trahis en négociant avec Hissein Habré. Aussi, n’eurent-ils de cesse de chercher la preuve des… Lire la suite sur ZoomTchad 

 

 

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