31 juillet 2012 TCHAD/Mali : Cyniques calculs du despote tchadien Idriss DEBY
Jadis pays stable, malgré l’insurrection des mouvements Touaregs résolue pacifiquement.
Pays doté d’institutions issues des expressions libres du peuple, et d’une armée véritablement nationale. Cette dernière avait assumé complétement sa responsabilité dans les années 90, celle de protéger la nation, qui lui est dévolue par l’Etat.
Elle avait désobéi à l’ordre irrationnel de massacrer des manifestants assoiffés de démocratie et des libertés d’une part, et permis de mettre fin au régime dictatorial et sanguinaire de Moussa TRAORE d’autre part.
Le processus démocratique s’est enraciné depuis plus de deux décennies, et les alternances politiques se succèdent à intervalles réguliers pacifiquement.
Beaucoup de nos compatriotes y ont étudié par le passé, y étudient encore et y étudieront sûrement dans ce pays réputé par sa stabilité politique et l’hospitalité de son peuple.
Tout le monde était pris au dépourvu par le putsch du 21 mars 2012, et les événements qui en sont suivis dans le nord du pays.
Nous l’avons crue irréversible, et voilà que tout est remis en cause.
En ce temps où le vent démocratique essaye bien que mal de souffler sur le continent africain, toute prise de pouvoir par les armes doit être fermement condamnée.
L’ONU, l’UA, la CEDEAO et l’opinion internationale n’ont pas dérogé à cette règle, bien au contraire ils s’activent ardemment à la recherche d’une solution à cette crise.
Il faut souligner la faillite notoire de Mr Amadou TOUMANI TOURE dans l’exercice de ses fonctions de Président de la République, avant qu’il ne soit renversé par les militaires.
Il s’est muré dans son refus catégorique à admettre la présence sur le sol malien des foyers fanatiques, avant qu’ils ne transforment en sanctuaires du terrorisme international, et qui risqueraient de surcroît d’embraser la sous-région.
Militaire de carrière et héros de l’instauration de la démocratie dans son pays, il était le mieux à même à disséquer le malaise palpable qui règne dans les casernes, pire il a laissé la situation s’envenimer.
Le budget de l’armée a été drastiquement réduit ces dernières années, ce qui a conduit à sa paupérisation, au manque d’entretien et de renouvellement des équipements militaires.
Une armée laissée à l’abandon ne peut guère opposer la moindre résistance face à une coalition des mouvements bien organisés et structurés, munis d’armes en tous genres récupérés sous les vestiges du régime KADHAFI.
La preuve, en un éclair de temps ces mouvements s’emparent de la moitié du pays.
En proie à des troubles politico-religieux et militaires, le Nord-Mali connait aujourd’hui une dramatique situation sans précèdent.
C’est une alliance des circonstances qui unit des fanatiques avec des mouvements armés chacun dans ses propres calculs, terrorise, affame les populations, et saccage dans son passage de biens culturels conservés depuis des siècles.
Au-delà de la tragédie qui s’est abattue sur les populations, c’est l’intégrité même du pays qui est en jeu.
Il est grand temps que le gouvernement provisoire malien penche à résoudre sérieusement cette crise au lieu de s’embourber dans ses tergiversations.
Pour raison de fierté nationale, il peine à solliciter le concours des forces de la CEDEAO, qui ont certainement de l’expérience dans la résolution de ce genre des conflits.
On est en droit de se demander pourquoi le gouvernement malien s’il dispose d’une deuxième carte maîtresse, tarderait-t-il à l’abattre avant que la propagation ne gagne du terrain ?
Il faut noter qu’une intervention militaire dans une vaste zone désertique serait bien différente par rapport à celles qui ont eu lieu en Sierra-Leone et au Libéria durant les guerres civiles qui ont ravagé ces deux pays.
Ces derniers temps des rumeurs bruissent sur une hypothétique intervention de l’armée tchadienne dans cette crise.
Dans la forme, ce serait une sage décision et les Tchadiens ne peuvent qu’applaudir et soutenir une telle initiative qui consiste à privilégier la résolution des conflits sur notre continent entre les Africains eux-mêmes.
Mais depuis quand Mr DEBY était animé par l’humanisme et l’amour de son prochain au point de voler au secours des populations du Nord-Mali ?
Bien au contraire, dans le fond c’est une autre histoire cynique qui est en train de s’écrire dans le palais rose de N’djaména, entre le tout-puissant despote Idriss DEBY 22 ans de règne sans partage, et son fils Zakaria le successeur désigné.
Dans son projet de royauminisation de notre pays, il mesure l’opportunité que lui offre cette tragique situation qui sévit depuis quelques mois, d’envoyer une partie de l’armée composée de tous les tchadiens afin d’essayer de la réduire à néant.
Il est tout à fait conscient que sur elle et à elle seule que repose l’espoir de tout un peuple de voir l’ordre constitutionnel établi et une véritable démocratie instaurée.
C’est aussi une occasion inouïe de redorer son blason et retisser ses liens de France-Afrique qui ont fait tant de mal à des générations d’Africains, avec le nouveau Président français François HOLLANDE qui on le sait très bien n’est un homme de ce mafieux réseau qui ronge l’Afrique comme des métastases.
Espérons qu’avec son avènement au pouvoir, une autre nouvelle approche de la politique française en Afrique se dessine.
Une politique basée sur le partenariat et la sauvegarde des intérêts communs, et non pas sur la règle non écrite en vigueur depuis plus d’un demi-siècle, de soutien indéfectible aux dictateurs et pillages systématiques des ressources du continent noir.
On ne peut pas accuser les immigrés indéfiniment de tous les maux qui minent la société française, et s’accaparer les richesses de leurs pays d’origines.
Il y a dans notre pays une armée à deux vitesses : La première est la garde prétorienne du régime dévouée corps et âmes.
Véritable fer de lance du système, suréquipée jusqu’aux dents elle est la mieux lotie.
Ne se recrute en son sein que les membres de son clan particulièrement, ou plutôt les membres de son ethnie en général.
Elle se battra jusqu’à son dernier souffle le moment venu pour sa propre survie, à moins qu’elle ne soit prise par un élan de patriotisme et accepte de revivre sans privilège, et en dessous de la loi comme tous les autres filles et fils du Tchad sans exception.
Revenons à la grande muette délaissée, cette deuxième armée dans laquelle se retrouvent tous les tchadiennes et tchadiens, et toute tchadienne et tout tchadien s’y retrouve.
Reléguée sans la moindre considération malgré elle, et détournée de sa principale mission de protection de la nation et des institutions, faut-il le rappeler encore ?
On ne peut s’empêcher d’espérer qu’un jour le devoir de serment qui habitait ces femmes et ces hommes, prendra le dessus dans l’intérêt supérieur de la nation.
Difficile de terminer ce modeste article qui corrobore les faits tels qu’ils se sont déroulés ou tels qu’on envisage de les réaliser, sans se prononcer sur les précédentes interventions de l’armée tchadienne en Afrique, notamment au Togo, au Congo-Brazzaville et en RCA.
Inutile de s’attarder sur l’intervention en République démocratique du Congo car elle ne relève pas du même contexte que dans les trois pays cités préalablement.
L’armée tchadienne sous les ordres de son chef suprême Idriss DEBY colonel à l’époque était intervenue au Togo en 1993, pour sauver le trône du feu sanguinaire dictateur EYADEMA. Avec son savoir-faire en matière des barbaries, elle a réprimé sans vergogne dans le sang toutes les manifestations contre les trucages des élections, et permis le retour en arrière synonyme d’interruption du processus démocratique qui suit son cours normal auparavant.
Elle ne s’est pas contentée d’en rester là, bien au contraire dans les années 1997, elle a réitéré l’opération cette fois avec des conséquences beaucoup plus graves. C’est une intervention en renfort aux milices cobras d’un certain Denis SASSOU N’GUESSOU pour chasser du pouvoir Mr Pascal LISSOUBA Président démocratiquement élu du Congo-Brazzaville.
On pourrait croire à la reprise d’un même refrain tellement la suite ressemble à la précédente intervention.
En 2003, presque dans les mêmes situations, Mr DEBY a monté de toute pièce une insurrection avec à sa tête François BOZIZE dans le but de renverser un Président démocratiquement élu en la personne de Mr Ange-Felix PATASSE décédé depuis.
Le peuple tchadien doit-il s’habituer à jamais à l’injustice et aux délires du dictateur DEBY et de ses protégés ?
Monumentale erreur d’appréciation car l’injustice conduit à la frustration, à l’ébullition et à l’explosion.
Mahamat Saleh ABDERAHIM DAHAB
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