Depuis que les Djihadistes ont été mis hors d’état de nuire au nord Mali, Le Tchad revient dans l’actualité malienne pour étaler au grand jour les lacunes et manquements de ses hautes autorités. On s’étonne partout d’entendre sur les antennes de RFI Abdelnasser Garboa, le président d’un certain collectif de soutien aux Forces armées Tchadiennes en intervention au Mali fustiger le traitement réservé aux enfants du Tchad abandonnés pourtant par son président au nord Mali.
Contre qui s’offusque –t-il ? Lui qui travailla au journal le Progrès et la Voix, organes de propagandes du régime, pompeusement financés depuis deux décennies par le pouvoir du président Deby ? De qui se moque –t-il ? Lui qui a couvert le retour triomphant de Mahamat Deby, fils du président, bombardé général et envoyé à la tête du détachement au Mali pour le bénéfice de la récupération politique et qui a, en réalité, fuit les dures conditions des hommes qu’il était censé commander pour rentrer à N’djamena alimenter les frasques des courtisans du régime.

Y a-t-il une armée nationale et républicaine au Tchad ? Tout porte à croire que les critiques sur la situation de l’armée Tchadienne convergent. Car il ne suffit pas de réunir des hommes motivés à la guerre et des matériels pour réclamer la mise en place d’une armée nationale au Tchad. Le niveau de management des troupes et la communication qui accompagne leur intervention en théâtre international montrent à la face du monde que le Tchad est gouverné depuis 23 ans par les plus médiocres de ses enfants.

Sur un autre registre, on a cru à tort que le Président Diocounda Traoré avait refusé la plus haute décoration malienne au Tchad et à son président Idriss Deby et que le président Ibrahim Boubacar Keita, en réservant sa première visite au Tchad, avait corrigé le tir. La réalité révélée par le journal malien l’Indicateur du Renouveau du 28 Aout 2013 est toute autre. Le président Deby a simplement refusé de recevoir cette distinction parce que fidèle à sa nature rancunière et conseillé par des petits voyous, il reprochait au Mali de n’avoir pas suffisamment soutenu la candidature du Tchad pour le commandement de la MINUSMA, même comme il est établi qu’il s’agit d’une décision onusienne qui a été portée à l’attention du président Deby par le secrétaire Général de l’ONU Ban Ki Moon en personne.

Les Tchadiens conscients sauront remercier l’ONU et tous ceux qui ont voté contre la présence du Tchad à la tête de la MINUSMA pour leur avoir évité une autre honte vu la défection en cours des militaires Tchadiens. Tous les responsables militaires tchadiens qui se sont prononcés favorablement à l’envoi des troupes Tchadiennes au Nord Mali, au nombre desquels l’ex-ministre de la défense Mahamat Nour Abdelkerim, avaient pourtant évoqué clairement la relève des troupes au bout de 4 mois maximum. Cela fait huit mois que ces pères de familles sont au nord Mali sans aucune relève, sans primes et sans soldes.

La mutinerie en cours des militaires tchadiens et le refus hier du président Tchadien Idriss Deby de recevoir les décorations des mains du Président Diocounda Traoré, malgré les multiples tentatives des hautes autorités maliennes, sont regrettables et montrent au grand jour le visage d’un dictateur qui ne pense qu’a son égo et prend de respectables hommes d’Etat pour ses assujettis. Cette attitude que ne partagent pas les Tchadiens à l’égard de leurs frères du Mali, prouve que le président Deby n’a aucun respect pour les soldats tchadiens oubliés au nord Mali ou qui sont morts dans ce pays frère et pour lesquels la décoration proposée par les hautes autorités maliennes est pleine de reconnaissance, d’émotion, de respect et de gratitude.

Indépendamment du Président Deby, n’importe quel Tchadien à la tête du pays, devant la menace djihadiste au Mali, aurait pris la même décision d’envoyer des forces pour plusieurs raisons et se serait comporté peut être plus dignement à l’endroit de ses pairs et son armée. Malheureusement Idriss Déby, son gouvernement et ses supporters qui se sont illustrés, hélas, par des sorties médiatiques et diplomatiques incongrues.

Le Tchad par sa position centrale en Afrique, par sa proximité avec l’Afrique du Nord à travers le Sahara qui couvre la moitié de sa superficie, et par la mixité de sa population et ses croyances se devait d’agir pour éteindre le feu qui brule chez le voisin, agir pour dissuader tous ceux qui au sein du Tchad murissent un projet obscurantiste islamique même s’ils se réclament de la famille du président Deby. L’autre raison qui mérite d’être soulignée est la préservation de l’unité du Mali par les forces maliennes et africaines en soutien aux forces françaises. Car l’Afrique a besoin de projets unificateurs de ses peuples et non de division à la solde des obscurantistes religieux qui, soutenus par certaines monarchies absolues obnubilées par les recettes gazières et pétrolières, se découvrent une vocation de marraines de l’islamisme du chaos.

L’opinion tchadienne et internationale doit savoir qu’au Tchad, la lutte contre le terrorisme et l’obscurantisme religieux n’est pas une préoccupation du président Deby, mais elle est d’abord et surtout la préoccupation de ceux qui combattent depuis 23 ans sa scabreuse gouvernance. Si les premières incursions de terroristes islamistes au Tchad conduites par l’Algerien Abderazak El Para du Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) ont été neutralisées par les rebelles tchadiens du MDJT, la récente décision nigériane de fermer à ce jour la frontière terrestre avec le Tchad à cause de la connexion certaine de personnes très proches du président tchadien avec les terroristes de Boko Haram en dit long sur le caractère très controversé du président Idriss Deby en matière de lutte contre le terrorisme.

Le Mali, qui tente de redorer le blason de sa démocratie citée il n’y a pas longtemps encore en exemple sur le continent mais ternie par le coup d’Etat du capitaine Sanogo et la sombre parenthèse djihadiste, mérite malgré tout d’être respecté.


Les Tchadiens sont fiers que ce fut un président malien bien élu et légitime aux yeux du monde qui vienne rencontrer le président Déby. Lequel Déby, après vingt trois (23) ans de règne absolu, doit enfin comprendre que ses compatriotes ont besoin de l’alternance, et d’un vrai dialogue entre les enfants du pays ; aussi doit-il s’inspirer de l’œuvre de réconciliation et refondatrice de l’Etat démocratique, juste et équitable entreprise par les Maliens depuis le retour de leur pays dans l’intégrité de ses frontières. l La visite au Tchad du président IBK, démocratiquement élu, n’excuse en rien les violations décriées des droits de l’homme dans ce pays ; cette visite pour honorer la mémoire des enfants du Tchad morts au Mali n’est pas un clin d’œil à un régime qui menace, harcèle et néglige son opposition, ses défenseurs des droits humains et ceux qui l’ont toujours défendu. C’est à ce niveau, dans les détails des conséquences de sa politique de caporalisation de ses concitoyens que le président Deby doit rechercher son fiasco personnel dans la conquête du commandement des forces de la MINUSMA ou d’un poste non permanent au conseil de sécurité de l’ONU. C’est en respectant son peuple qu’on se fait respecter par les autres et jamais le contraire.
 


Houlé Djonkamla

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