Des islamistes armés ont attaqué mercredi des positions de l’armée tchadienne à Tessalit, faisant au moins trois morts et plusieurs blessés, dernière d’une série d’attaques jihadistes dans le nord du Mali depuis près de trois semaines.

L’attaque a combiné voiture-suicide et tirs à l’arme lourde, selon une source militaire malienne.

Le chef d’un petit groupe jihadiste lié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a revendiqué l’attaque auprès de l’AFP.

"Grâce à l’aide d’Allah, les moujahidine ont mis la mort dans le camp des militaires français qui travaillent pour la France", a déclaré au téléphone à un journaliste de l’AFP à Bamako Sultan Ould Bady.

Ce jihadiste malien est à la tête d’un petit groupe qui fut proche de l’Algérien Abdelhamid Abou Zeïd, un des chefs les plus radicaux d’Aqmi, tué lors de l’intervention militaire franco-africaine lancée en janvier contre les groupes islamistes armés au Mali.

Le ministre malien de la Défense Soumeylou Boubèye Maïga a fait état de "deux morts et six blessés dont deux graves" parmi le contingent tchadien de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) ainsi que d’un enfant tué. N’Djamena a confirmé ce bilan pour ses soldats.

Malgré la présence de milliers de soldats français et africains depuis janvier dans le nord du Mali pour les traquer, c’est la troisième attaque meurtrière menée depuis fin septembre par des jihadistes dans cette vaste région qu’ils ont occupée pendant neuf mois en 2012.

Elle survient un mois avant le premier tour des législatives maliennes prévu le 24 novembre et pose la question du renforcement de la mission de l’ONU au Mali, la Minusma.

Mercredi "vers 10H00 (locales et GMT), une attaque kamikaze a visé le contingent tchadien de la Minusma à un check-point dans la ville de Tessalit", selon le communiqué du ministre de la Défense. "L’attaque a été perpétrée par quatre terroristes à bord d’un véhicule bourré d’explosifs. Les kamikazes ont tous été tués".

Des échanges de tirs entre jihadistes et soldats tchadiens ont suivi l’attaque, mais "les jihadistes n’ont pas pu prendre les positions de l’armée tchadienne", selon un responsable de l’armée malienne de la région de Gao.

Selon l’état-major de l’armée tchadienne "cinq terroristes ont été tués".

Tous les blessés civils et militaires ont été pris en charge par la Force Serval, l’opération militaire française au Mali, qui a mis un avion à disposition, et évacués à Gao.

Chef-lieu de région, Gao est à près de 600 km au sud de Tessalit, elle-même proche de la frontière algérienne.

A New York, l’ONU a affirmé que cette attaque "n’altèrera pas" sa détermination "à soutenir le rétablissement de la sécurité, de la stabilité et d’une paix durable au Mali".

Lourd tribut payé par le Tchad au Mali

De toutes les armées africaines présentes au Mali, intégrées à la Minusma, celle du Tchad a été en première ligne au côté de l’armée française dans la traque des jihadistes, en particulier dans le massif des Ifoghas, situé entre Tessalit et Kidal. Les soldats tchadiens ont payé un lourd tribut, avec une quarantaine de tués.

Le 16 septembre, 160 d’entre eux avaient quitté sans autorisation leur base de Tessalit pour protester contre le non-paiement de leur solde, certains affirmant n’avoir rien perçu depuis plusieurs mois.

Cette nouvelle attaque intervient deux semaines après des tirs à l’arme lourde sur Gao, qui avait tué un soldat malien et endommagé plusieurs bâtiments.

Le 28 septembre, un attentat suicide à Tombouctou (nord-ouest) avait tué deux civils et quatre kamikazes et blessé sept soldats maliens, selon les autorités maliennes.

Les tirs sur Gao avaient été revendiqués par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et l’attentat de Tombouctou par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Le Mujao et Aqmi sont les deux principaux groupes armés ayant occupé le nord du Mali en 2012, y commettant de nombreuses exactions.

L’attaque de Tessalit pose d’urgence la question du renforcement de la Minusma qui, de 6.000 hommes actuellement, doit passer à plus de 12.000 d’ici la fin de l’année, alors que la France a prévu de réduire le nombre de ses soldats de 3.000 à un millier fin janvier 2014.

Le président de la commission de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), Kadré Désiré Ouédraogo, a plaidé mercredi pour que les pays membres de cette organisation envoient des renforts. Les chefs d’Etat ouest-africains se réunissent en sommet vendredi à Dakar.

Le chef de la Minusma Bert Koenders avait lancé il y a une semaine un appel pour des renforts en troupes et en matériel.

 

©AFP 

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