Toute la famille de la Francophonie a vécu en direct les spectaculaires manifestations de la diaspora tchadienne qui n’a pas raté l’occasion de hurler aux oreilles d’une importante frange de la communauté internationale que le potentat tchadien est depuis longtemps vomi et indésirable dans son pays.

 

Les pancartes, drapeaux et stridents slogans de la diaspora tchadienne mobilisée le 29 novembre 2014 dans les rues de Paris, Washington, Berlin et Bruxelles pour protester contre un 5ème mandat du dictateur tchadien Deby – et aussi en soutien à la société civile tchadienne -, au moment de la tenue du XVe sommet de la Francophonie ne sont loin d’être passés inaperçus et ont été bien audibles.

  

http://youtu.be/Ki8JB5h9fiU

En effet, dans les rues de Paris, Berlin, Washington et de Bruxelles, des centaines de Tchadiens de la diaspora avaient submergé les rues brandissant des drapeaux tchadiens et agitant des pancartes aux libellés incendiaires et furieux ordonnant à Idriss Deby de « DÉGAGER ». Ces manifestants ont scandé des slogans contre le régime Deby et son allié la France, brandissant des pancartes avec les inscriptions : « Non à la complaisance de la France avec le Dictateur Deby ! », « Pourquoi la France, pays de la résistance, cautionne la dictature en Afrique » ou encore « 24 ans de dictature, c’est trop »…

 

Aussi bien les autres chefs d’États et de gouvernements que le master of ceremony  François Hollande, tous ont vu, entendu, compris et ont été émus par la vigueur du ras le bol du peuple tchadien qui avait tenu à clamer – des quatre coins du globe – sa détresse aux yeux et oreilles du monde.

 

 

François Hollande qui, dans son allocution de circonstance, a appelé au« respect des ordres constitutionnels et des aspirations des peuples » sait très bien qu’Idriss Deby Itno fait partie – et est même le chef de file –  du cercle très restreint des chefs d’États qui ne respectent justement pas l’ordre constitutionnel de leurs pays, et qu’il se moque royalement des aspirations du peuple tchadien.

Le président français connait parfaitement la suprême détresse du peuple tchadien traumatisé par 24 ans d’une dictature féroce et impitoyable. Il est informé au jour le jour du mal vivre des tchadiens dans leur propre pays. Il n’ignore rien des récurrentes manifestations de colère dans les lycées, collèges et rues des villes et des campagnes du Tchad à cause de la mauvaise gouvernance et de la cherté de la vie.

http://youtu.be/X2NqWKxGTDA 

C’est donc certainement sans grande surprise qu’il a pu mesurer de visu, à travers ces manifestations populaires – l’aspiration des tchadiens à voir le dictateur Deby « dégager ».

La grande question c’est de savoir si dans le respect de la logique qu’il a affichée dans son discours tenu devant la grande famille FRANCOPHILE, il tiendra compte de l’urgence et du devoir que la francophonie a – si elle est conséquente – de ne pas abandonner les tchadiens.

 

Dans son allocution, François Hollande a martelé : « Là où les règles constitutionnelles sont malmenées (…) là où l’alternance est empêchée, j’affirme ici que les citoyens de ces pays sauront toujours trouver un soutien dans l’espace francophone. »

Le pense-t-il profondément ? Où est-ce un argument de simple propagande ? Face au désarroi du peuple tchadien, la Francophonie pourra-t-elle assurer au peuple tchadien martyrisé ce « soutien » évoqué dans un discours, mais que les tchadiens souhaiteraient idoine et conséquent ?

 

 

François Hollande – dans le même discours – a beau s’être félicité de la« démonstration du peuple Burkinabé » qui, selon lui, devrait « faire réfléchir ceux qui veulent se maintenir au pouvoir en violant l’ordre constitutionnel », mais saura-t-il, ou pourra-t-il réellement soutenir le peuple tchadien face au dictateur Deby quand il le faudra ?

 

La réponse à ces lancinantes questions devrait interpeler la Francophonie, au cas où cette institution serait loyale et cohérente. François Hollande avait dissuadé Compaoré de s’arcbouter au pouvoir contre la volonté du peuple, mais c’est le même Hollande qui avait aidé le tombeur de Sankara à s’exfiltrer du Burkina Faso en lui fournissant un hélicoptère. Assistance à personne en danger, soit, mais les Burkinabès ne le lui ont pas pardonné.

 

En attendant que la colère des tchadiens prenne un peu plus de volume – et elle le fait à chaque jour qui passe –  François Hollande et la Francophonie toute entière ont entendu et reçu cinq su cinq l’expression – aux quatre coins de la planète – en sons et couleurs de la colère des tchadiens en plein sommet de la Francophonie.

Mais déjà, il y a des signes qui ne trompent pas : En effet, au cours du sommet des chefs d’états, beaucoup d’observateurs ont noté qu’au moment où Idriss Deby prononçait son discours, François Hollande a subrepticement quitté la salle, ne rejoint celle-ci qu’au moment où le potentat suivant, Paul Biya ânonnait le sien. Hollande avait-il voulu éviter de se boucher les oreilles ? Ou avait-il tenu à manifester son dégout ?

 

A moins que ce ne soit la première réaction du président français par rapport aux manifestations des tchadiens dans les rues des grandes capitales occidentales signifiant bruyamment à Deby de « dégager » …

 

On le saura bien un jour, mais le fait n’est guère passé inaperçu.

C’est certainement pour cela qu’Idriss Deby a, pour sa part, quitté Dakar aux premières heures de ce jour avec son épouse et sa suite, sans dire au revoir à qui que ce soit, refusant ipso facto de participer ou d’assister à l’élection du nouveau secrétaire général de l’OIF.

 

Ce fait – qui n’est pas non plus anodin –  a été aussi visible qu’une mouche dans un bol de lait de chamelle. Est-ce là le début d’un désamour franco-tchadien ?

 

La suite des évènements nous en dira certainement plus long. C’est pour la première fois que la diaspora tchadienne a pu fédérer ses actions pour demander haut et fort le départ de Deby du pouvoir en accordant son violon avec la société civile tchadienne. Comme le dit un proverbe chinois « une armée de fourmis peut triompher d’un serpent venimeux », c’est dans cet élan unitaire hautement patriotique, fut-il difficile de coordonner les actions, que Deby sera contraint de Dégager.

 

La Rédaction de MAC-TCHAD

 

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