Un  communiqué nécrologique, en date du 07 janvier dernier,  signé  pour  la circonstance de  Cheikh Mahamat Djarma Khatir, Djibrine Assali Hamdallah et Baba Ladé respectivement responsables de différentes formations politico-militaires, annonce  le décès de notre camarade et frère le colonel feu Tatcho Ahmat Adamo, président du Front Panafricain révolutionnaire. « A Allah nous sommes et c’est à Lui nous nous retournons.»


Pourtant, au début du nouvel an , nous avons appris qu’il était grièvement blessé et admis dans un centre hospitalier de la ville sud soudanaise Malakal  qui fut le théâtre des violents affrontements inter sud-soudanais .Le conflit qui prévaut dans ce dernier né des Etats africains  a rendu difficile et complexe le contact pour en savoir plus sur ses nouvelles car le réseau téléphonique est souvent dans des permanentes perturbations voire des coupures. Et finalement la triste nouvelle  survient et met de nouveau la résistance en deuil après la mort tragique de feu Hissein Ibrahim (GRM),  au seuil de l’an 2014 !

  
Notre ami nous quitte  à un moment où l’opposition politico militaire a besoin de lui pour se remettre et se relancer sur des nouvelles bases solides et efficaces en tirant les leçons d’un récent passé marqué par des pratiques  aux antipodes d’un idéal du changement et d’une lutte révolutionnaire. Nous ressentons donc une énorme perte et saluons en cette circonstance  douloureuse la mémoire de celui qui a toujours pris des risques dans ses engagements  et accompli d’immenses sacrifices pour la juste cause du changement.


Feu Tatcho Ahmat Adamo appartient à la génération des années 70. Il aura passé une bonne partie de sa jeunesse entre Mongo, N’djamena et Abéché. C’est dans cette dernière ville qu’il a vraiment bâti une notoriété dans le domaine sportif. Star du foot balle de ligue 1 d’Abéché, feu Tatcho aurait été à un  doigt de faire carrière au plus haut niveau  dans ce domaine si les conditions  d’épanouissement des jeunes et de promotion du sport roi étaient réunies au Tchad sous le règne de Deby. Avec Koussou, Habib Walkabouch,  Djiddo Petit, Johny et tant d’autres, ils avaient vibré le  stade d’Abéché et étaient adulés d’un public fidèle et chaleureux.


En 1996, le bac en poche il descendit à N’djamena et tenta d’entrer avec succès à l’Ecole des Officiers Inter Armes d’où il sortira deux ans plus tard nanti d’un grade de sous lieutenant. Quelques années suivantes, avec un groupe des cadres du Guerra, ils initièrent discrètement un projet de  sédition  qui fut  débusqué,  certains furent arrêtés et d’autres y compris Tatcho  réussirent à s’échapper. Un éphémère exil à Cotonou au Benin, Il rentra avec quelques uns de ses camarades au bercail après une réconciliation scellée avec le pouvoir de N’djamena.

 

Réhabilité et promu au grade de lieutenant colonel, il reprend service à  la Défense Nationale puis à l’Etat Major. En 2003, ce fut le déclenchement du conflit du Darfour .Des forces africaines (dont un contingent tchadien)  sous l’égide de l’UA y furent envoyées en interposition. Dans cette opération périlleuse des forces africaines de maintien de la paix au Darfour, feu Tatcho faisait ses preuves dans la conduite des missions difficiles. Ce qui lui a valu une décoration décernée par le commandant des forces africaines au Darfour. Il noua des relations avec ses frères d’armes africains venus de différents pays  et surtout avec des autorités soudanaises. Et comme le jeu trouble de N’djamena dans le dossier Darfour fut suspecté, le contingent tchadien  boudé par le pouvoir de Khartoum finira par regagner le pays. Le Colonel Tatcho passera quelques temps à scruter les injustices que subissent quotidiennement ses compatriotes et se résout de nouveau à prendre le chemin du maquis  au Darfour mais cette fois ci en rebelle, lui qui était jadis venu  dans les rangs des forces d’interposition.

De l’UFDD fondamentale en passant par l’UFCD, le MOSANAT, le MONASAP et l’UFR- FPRN jusqu’à la création de son propre mouvement le FPR, l’homme apparaissait pour les uns trop controversé et pour d’autres trop pressé et plein d’ambitions. Mais cela ne l’a pas empêché de servir les différents mouvements rebelles qu’il a fréquentés avec loyauté et dévouement. A l’UFR, proche collaborateur du délégué à la défense, il s’était vu confié la lourde mission de détruire un site stratégique à l’intérieur du pays à un mois du lancement de l’offensive ratée sur Amdam en 2009. Feu Tatcho exécuta les ordres  au péril de sa vie, car il était tombé dans une embuscade et eut failli être capturé ou tué. Il eut la vie sauve et rejoignit ses camarades après une quinzaine des jours de marche. Après le désarmement, il choisît de passer un temps à Khartoum et lança sa formation le FPR avant d’entrer dans la clandestinité. Il ne fera son apparition qu’au début de l’offensive de la SELEKA en RCA  et prendra ses distances  lors que celle-ci  fut prise en main par Idriss Deby. Tatcho et un groupe des camarades décidèrent alors de s’établir au pays de John Garang où il trouva la mort dans des conditions pour le moins floues.

En apprenant  avec émotion la nouvelle du  décès du colonel Tatcho , nous avons une pensée particulière pour son épouse et son unique fils avec qui nous partageons cette profonde douleur. Nous leur exprimons nos sincères condoléances et prions le Seigneur pour le repos éternel de ce grand martyr. A tous les parents, les amis, les camarades et les compagnons  de l’illustre disparu nos sentiments éprouvés !

Ahmat Yacoub Adam

 

 

 
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