La candidature du Tchad au poste de membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies sera examinée, aujourd’hui, 12 octobre 2013. Si cette candidature arrive à être accepté, ce nouveau statut permettra au Tchad de contribuer au maintien et à la restauration de la paix et de la sécurité sur l’échiquier international. Mais cette candidature a été largement désapprouvée par la société civile tchadienne.

Sur le plan international, en Centrafrique, aujourd’hui, il est clair pour tout le monde que la Centrafrique est une affaire de sécurité nationale pour N’Djamena. Désormais, Idriss Déby impose directement sa loi à Bangui via le président de transition Michel Djotodia pour étouffer toute tentative de déstabilisation de sa frontière, selon des sources diplomatiques et militaires. Cette politique d’intervention directe en Centrafrique tient en grande partie à l’histoire personnelle du chef de l’Etat tchadien. «Par expérience, il sait qu’à N’Djamena, le danger vient des zones frontières», explique un diplomate à Bangui. Donc la présence de la milice de Déby en Centrafrique n’a rien d’une mission de paix. Dénonçant la complicité entre les FOMAC tchadiens et certains sujets tchadiens de la Séléka et les multiples exactions commises par les éléments de la Séléka, la société civile centrafricaine a demandé à plusieurs reprises, le retrait de la FOMAC-Tchad des forces de la CEEAC.

Sur le plan national, la Coordination des Partis Politiques Pour la Défense de la Constitution (CPDC), principale coalition de l’opposition tchadienne et les associations des droits de l’Homme (ADH) ont largement désapprouvé la candidature du Tchad pour devenir membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU (Organisation des Nations Unies).

Et pour cause, partout, selon le journal Abba Garde, on assiste à des assassinats, des tortures, des détentions arbitraires des personnes à travers tout le pays. Le magistrat français Patrice de Charette, chef de mission de l’assistance technique au Programme d’appui à la justice au Tchad (PRAJUST) mis en place par l’Union européenne au Tchad vient de publier un récit très détaillé du calvaire quotidien des habitants de N’Djaména. Les barrières sur les routes pour racketter, les assassinats, l’impunité totale, la justice à deux vitesses et les violations permanentes des droits de l’homme font partie du lot quotidien des habitants de la capitale tchadienne.

Dans un communiqué de presse publié en septembre 2013, la CPDC a crié au scandale et aux arrestations illégales et surtout, pour les élus, en violation flagrante de leur immunité parlementaire. Elle a condamné avec véhémence la détermination du pouvoir à restaurer un régime de privation de liberté, de déni du droit et de terreur politique.

« un pays candidat au conseil de sécurité de l’ONU ne peut pas continuer à s’illustrer dans les violations répétées des droits de l’homme et dans la déstabilisation des pays voisins », a conclu le communiqué de la CPDC.

Récemment, La Convention Tchadienne pour la Défense des Droits Humains (CTDDH) a informé l’opinion nationale et internationale que sur la base d’informations confirmées par des sources concordantes issues des témoignages d’anciens prisonniers faisant état de l’existence des traitements inhumains et dégradants régulièrement infligés aux détenus de la prison d’Amsinéné (N’Djaména) par les gardiens. Une mission dirigée par la CTDDH a permis constater que les gardiens se livrent à des rackets des parents des détenus, la cour a du mal à contenir les prisonniers, et cela donne une idée de leur nombre par cellule quand la nuit tombée, les gardiens les y confineront. C’est encore rien à côté des véritables mouroirs que sont les prisons de Koro-Toro et de Moussoro ainsi que celles illégales disséminées à N’Djamena et en province.

Dans une interview au Blog de Makaila, Daniel Deuzoumbé, président des Droits de l’Homme Sans Frontière (DHSF) au Tchad, a déclaré et nous citons son propos:
« Dans un contexte des violations graves, systématiques et flagrantes des droits de l’homme le Tchad veut non seulement être membre non permanent du Conseil de sécurité mais veut aussi être élu membre du conseil des droits de l’homme. Aux Nations Unies, certaines décisions sont politiques nous le savons mais nous pensons là au moins cela ne va pas prospérer. En fait, nous ne sommes pas contre la candidature du Tchad à ces instances mais nous disons que le contexte n’est pas favorable. Tout en félicitant cette initiative du Tchad pour la première galvanisée par la guerre au Mali.Nous pensons que

nous ne pouvons pas soutenir ces candidatures pour les raisons suivantes:

– la question des enfants soldats qui n’est pas totalement réglée;
– la traite des personnes en particulier celle des enfants pour laquelle aucun présumé coupable n’a été inquiété en dépit des plaintes que nous avons déposées; là, nous avons mentionné ci-haut que le congrès américain est prêt à condamner le Tchad. Comment les américains qui condamnent un pays pour violation des droits de l’homme vont-ils accepter de rester au conseil de sécurité avec ce même pays?

– le harcèlement des défenseurs des droits de l’homme, des journalistes et les opposants politiques. Cela pose la question essentielle de la liberté d’opinion;
– la dégradation avancée de la liberté d’expression. en 2013, quatre journalistes ont été jetés en prison et y ont passé au moins trois mois avant d’être condamnés à de lourdes peines. un autre a comparu librement et lui aussi été condamné.
– l’absence de la liberté de manifester. cet été un gouvernement a fait publier un communiqué pour interdire toutes les manifestations sauf celles organisées par le pouvoir.

En définitive, nous disons que la démarche du gouvernement tchadien n’est pas cohérente. c’est pour nous une façon de nier l’évidence et une négation de la cause des victimes des violations des droits de l’homme » (Fin de citation).

Les ADH estiment donc qu’il est encore trop tôt pour le Tchad d’être membre dudit conseil de sécurité. Les dirigeants des pays amis du Tchad doivent comprendre que chaque point marqué par le Tchad sur la scène internationale est automatiquement et largement utilisé par le Président Idriss Déby pour éliminer ses adversaires politiques à l’intérieur de notre pays afin de consolider son pouvoir.

Ce cri d’alarme lancé par la société civile tchadienne va-t-il retentir jusqu’à la Cité de Manhattan, ce splendide siège des Nations-Unies où tout se joue pour cette candidature ?



La rédaction de TchadPages, Convergence pour une Émergence Citoyenne au Tchad
 
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