Les interventions ou les aventures militaires du Tchad dans des conflits étrangers, ces derniers temps, ont suscité des commentaires diverses. Il y a, naturellement, ceux qui sont farouchement contre et ceux qui sont pour et j’appartiens par principe au premier groupe. Parce qu’une fois à l’étranger tous ce que va faire un Tchadien m’engage, personnellement. On a  vu, par exemple, ce qui est arrivé aux Tchadiens en RCA à cause des décisions prise par Deby et des actes commis par ses soldats ou ses frères(les SELEKAWA). Par la même logique si un Tchadien fait une bonne chose à l’étranger, je serai le premier à être fier. Quand, par exemple, Kaltouma a gagné la médaille d’Or aux jeux de la Francophonie, à Beyrouth, en la voyant pleuré sur le podium au retentissement de l’hymne national  « la Tchadienne », tous ce qui est cheveux ou poils sur mon  corps ont bougé et je ne savais pas quand mes propres larmes ont commencé à couler ! De la même façon si un soldat Tchadien meurt dans les Ifoghas dans ou à Bangui –ou nom du Tchad ou au même nom de Deby-je sens comme si une partie de mon corps qui se déchire, (passez-moi le mot) je m’en fou de son groupe ethnique au Tchad. Ironiquement cet esprit d’appartenance à une même partie doit être la règle d’Or  de la gouvernance de la chose publique, au pays. Mais hélas, ici au pays les dirigeants refusent d’être des leaders de tout le monde mais des leaders de leur groupe ethnique. Au lieu d’être nationalistes ils font tous pour descendre au micro-nationalisme.    

 

Autant, le Tchad, depuis son indépendance, n’a pas eu la chance, comme d’autre nations de la planète, d’avoir une armée républicaine ou une armée qui incarne la diversité ethno-confessionnelle du pays, autant le Tchad n’a pas eu la chance d’être dirigé par un homme d’ETAT, vraiment conscient de la responsabilité que le Bon Dieu lui a confiée. Le Bon Dieu les a élevés au grade de leader de tout, mais ils se sont tous comportés comme des petits chefs de leurs différentes ethnies, tel un Maire d’une agglomération comme D’Ndjamena se comportant comme un chef de quartier à Koundoul. Ceci sans exception de Tombalbaye à Deby.

 

En analysant l’évolution de l’une des plus importants piliers de l’Etat Tchadien, qui est l’armée tchadienne, on tombe sur l’amère réalité, c’est qu’elle a été toujours ethnique. Avant 1975, par exemple, la composition de l’armée n’était pas visible au grand public, mais au lendemain du Coup d’Etat du 13 avril 1975, après  la publication de la composition du Conseil Supérieur Militaire (CSM) on s’est rendu compte que l’officier nordiste le plus gradé était un capitaine, en la personne du Cpt Zakaria Wawa Dahab, à côté d’une pléiade des officiers généraux-L’ Armée Nationale( ?) Tchadien (ANT) était sortie de sa coquille : elle est à 80% sudiste ! Peut-être les autorités de l’époque- dans leurs sagesses-ont considéré que les soldats nordistes n’avaient pas la carrure requise pour être des officiers supérieurs-on sait jamais !-malgré le fait que le  Président Tombalbaye ait admiré la combativité du soldat nordiste quand il fustigeait ses co-régionnaires qui fuyaient le combat comme des lapins dans différents batailles contre le FROLINAT, tels que les troupes impérialistes françaises dirigés par le Col  Christian de Castries face aux Viet Minh sous les ordres du Grand Camarade Ho Chi Minh lors de la fameuse bataille de Dien Bien Phu.

 

Toutefois, le tribalisme, le régionalisme et népotisme, n’ont jamais été aussi scandaleux dans les attributions des grades dans l’armée qu’aujourd’hui. Je me rappelle plus des noms des régions qui poussent comme des champignons et pour ne pas se tromper, les régions l’Ennedi compte, aujourd’hui, plus de 80% des officiers généraux (dont 90% sont des ITNO ! quelle honte !). Le seul critère est le fait  que l’un des leurs est à la tête de l’Etat, alors que des régions comme le Lac, le Kanem, le Hadjer Lamis, etc., ne compte même pas un seul officier général actif. C’est le même constat de déséquilibre dans les autres institutions de l’Etat, en commençant par le Gouvernement même, la Diplomatie, le système judiciaire, etc.

 

Ce que les dictateurs comme Tombalbaye avant et Deby aujourd’hui, doivent savoir, c’est que ce n’est pas en ethnicisant l’armée qu’ils vont perdurer leurs dictatures. La preuve en est que ce sont les Sara qui ont mis fin à la dictature Yondoise de Tombalbaye et on ne sait pas encore comment la dictature Beribour va finir –mais ce qui est sûr c’est qu’il finir un jour- l’ethnie qui a  vraiment menacé le régime Deby c’est l’ethnie Zaghawa. Que les dictateurs se détrompent-seul la bonne gouvernance, l’équité et la justice qui peuvent établir la paix et la tranquillité pour qu’ils puissent gouverner normalement. Aussi dois-je dire ici, que Deby se détrompe, s’il pense que les gens vont accepter cet état de chose pour longtemps, qu’il révise son carnet. Il est assied sur une bombe à retardement !

 

Faut –il rappeler que ceux qui meurent dans des  attentats suicides çà et là ne sont pas des fous, mais pour l’homme libre il y a quelque chose de plus chère que l’âme même. Ceux-là sont convaincus qu’il y a quelque chose qui est plus chère que leurs vies, c’est leurs dignités ! Ce n’est pas en ramenant ou récupérant des opposants que l’on peut perpétuer la tranquillité ou la longévité d’un régime. La paix passe obligatoirement par l’élimination de la cause de la crise ou la cause ce qui pousse les gens à prendre les armes dès le début. On ne peut pas éliminer une maladie en traitant le symptôme mais plutôt et surtout en traitant la cause. C’est une règle élémentaire de la médecine moderne ou traditionnelle-non ?  

 

Il ne faut pas prendre la patiente des gens pour une faiblesse. Le prochain combat ne sera pas  celui des jeunes bergers ignares aux dents du cheval –sans foi ni loi-juchés sur des tout-terrains, armés des machines de la mort, dernier cri, face à des paisibles civils comme lors du massacre des Ouaddaiens et des Hadjeraye mais tout autre type de combat dont personne ne peut imaginer les tenants et les aboutissants! Quelqu’un occupait ce fauteuil avant vous, mon cher Président, il ne faut pas croire à la bouffonnerie des bouffons qui vous disent que vous êtes le Président à vie ou votre ethnie restera au pouvoir éternellement ! En tant que citoyen et sujet de votre Excellence, je vous conseille de préparer votre sortie tranquillement quand vous êtes capable de le faire, mais non pas en débandade. Cela est bon et pour votre famille et pour votre  ethnie si les aimez vraiment. A bon écouteur salut !

 

Compte tenu de ce qui précède, je suis vraiment désolé, je dois dire que, l’Armée tchadienne, dans son état actuel, ne me représente pas du tout.

 

Zen El-Abideen Hassan

 

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