Enfin! Mahamat Ahmat Alhabo revient en politique. Un retour  à pas feutrés certes, mais un retour officiel tout de même. C’est un décret du 9 novembre 2013 passé presque inaperçu qui le désigne parmi les membres de l’opposition démocratique devant siéger à la commission électorale nationale indépendante (CENI) en vu des futures élections, notamment législatives et présidentielle.

 

Membre fondateur du parti pour les libertés et la démocratie (PLD), Mahamat Ahmat Alhabo, 60 ans révolus, a été plusieurs fois ministre (Education nationale, Finances, Justice, etc.) durant la première décennie du règne d’Idriss Déby avant d’occuper en dernier lieu les fonctions d’ambassadeur plénipotentiaire du Tchad à Paris (France) en début des années 2000. A la suite de l’élection présidentielle du 20 mai 2001 (entachée de grotesques irrégularités) que son parti a contestée en vain jusque devant le Conseil constitutionnel, il a été définitivement rappelé à N’Djamena où il a entamé à marche forcée une très longue traversée du désert.

 

Après  l’enlèvement en février 2008 du Pr Ibni Oumar Mahamat Saleh, les Tchadiens ont pensé que  Mahamat Ahmat Alhabo, l’ami de toujours et matière grise du parti, allait se mettre en avant et se servir de tout son poids politique pour exiger la vérité sur les circonstances tragiques de la disparition du secrétaire général du PLD et porte-parole de la CPDC.

 

Ce fut une vertigineuse illusion, car le polyglotte va faire tout le contraire de ce que les Tchadiens attendaient de lui : il s’enterre dans un mutisme déconcertant dont il n’est plus jamais sorti. Il ne fera pas la moindre déclaration publique sur le sort de son ami, au grand dam de tous ceux qui comptaient sur sa voix pour faire entendre raison à Idriss Déby. Une attitude jugée troublante tant elle est en totale discordance avec le charisme et le courage de celui qui paraît ne s’être jamais laissé égarer dans les chimères d’une ascension sociale (qui ont attiré dans les filets du régime les politiques comme Youssouf Saleh Abbas, Mahamat Saleh Annadif, Hamid Mahamat Dahalob ou encore Jean Alingué Bawoyeu) rapide et éternelle promise par le maître de N’Djamena à tout parvenu qui se respecte.

 

A partir d’avril 2009, Mahamat Ahmat Alhabo se réfugie à Bangui, la capitale de la république centrafricaine. Officiellement pour y occuper un poste de représentant de l’Unesco ; officieusement pour prévenir toute tentation de servir de pantin dans un simulacre de gouvernement d’union nationale prôné par l’opinion politique internationale pour faire passer la pilule de la disparition d’Ibni Oumar Mahamat Saleh.

 

De retour à N’Djamena depuis bientôt un an, le professeur d’université a multiplié les déplacements à l’étranger, notamment en France où le PLD bénéficie d’un soutien sans concession des partis de gauche, en particulier du parti socialise actuellement au pouvoir. Il est clair que personnage cherche à redresser son destin politique qui s’étiole depuis quelques années.

Il était temps.

Car la « renaissance » ayant supplanté la déjà très discutable « démocratie » dans notre pays, l’arène politique s’est conséquemment vidée de ses forces ces dernières années et est devenue trop pauvre en personnalités intelligentes, audacieuses et expérimentées. On ne saurait donc s’autoriser le luxe de négliger le retour d’un acteur comme Mahamat Ahmat Alhabo.

 

Sans surestimer leur capacité de juguler la violence des départs massifs des opposants pour rallier directement où indirectement le MPS, le mathématicien et ses camarades peuvent rapidement rénover profondément le PLD pour lui redonner toute la force politique qu’il a perdue avec la disparition du Pr Ibni Oumar Mahamat Saleh.

 

Idriss Déby ne supporte pas qu’un Nordiste soit leader d’un parti d’opposition. Mais la crédibilité du PLD restaurée, le peuple appréciera et les prochaines batailles électorales ne seront que plus belles.

Tchadoscopie

 

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