Quand la justice est-elle arrivée au Tchad ? Telle est l’interrogation introductive de Monsieur Reed Brody dans son dernier papier sur l’affaire Habré, envoyé aux rédactions aux quatre coins du monde. Le Conseiller juridique de l’organisation Human Right Watch (HWR), expert en manipulation, clame que la justice existe au Tchad depuis 1999, année où il a débarqué au pays d’Idriss Deby dans le jupon de Me Delphine Djiraïbé.


Si on considère la litanie de Monsieur Reed Brody, le Tchad est devenu un Etat de droit à partir de 1999. Or, même depuis cette année-là, en parcourant les rapports publiés par ces mêmes organisations de défense des droits de l’homme, aussi bien Amnesty International, FIDH que HRW, on note, chaque année, des violations massives et très graves des droits de l’homme au Tchad.

 


Le 6 décembre 2013, alors que le Président Tchadien se trouvait à Paris pour assister à un sommet sur la Paix et la Sécurité en Afrique, Amnesty International rendait public son rapport exclusif sur le Tchad. Il ressort de ce rapport l’impunité sur des multiples cas de crimes politiques, de tortures, de viols et des disparitions forcées, l’injustice et le terrorisme d’Etat sont le lot quotidien des Tchadiens.


Le 17 décembre 2013, un compilé de rapports sur les violations des droits de l’homme, les crimes politiques et génocides commis sous le régime d’Idriss Deby entre 1990 et 2013 a été rendu public. Ce document très précis résume et référence les travaux de plusieurs organisations nationales et internationales. Il est tout simplement accablant !


Nous rappelons à Monsieur Reed Brody que le 26 juillet 2013 la justice tchadienne a rendu un non-lieu sur l’affaire Ibni Oumar Mahamat Saleh, chef de l’opposition politique tchadienne, enlevé depuis le 3 février 2008 par la garde rapprochée du Président Deby et toujours porté disparu. Me Jean Bernard Padaré, ex Avocat de la famille de la victime, aujourd’hui Ministre de la justice du bourreau. Pourriez-nous expliquer Monsieur Reed Brody pourquoi la famille (épouse et enfants) de l’actuel ministre de la justice du Tchad est toujours réfugié politique en France ?


Le 1er mai 2013, le gouvernement d’Idriss Deby a annoncé avoir déjoué un coup d’Etat militaire. Des dizaines de personnes ont été tuées. Plusieurs autres dont des Militaires, des Députés, des Politiques, des journalistes et des hommes d’affaires ont été arrêtées et jetées en prison. Certains ont recouvert la liberté après plusieurs mois d’emprisonnement sans qu’aucun jugement ne soit rendu. Tandis que d’autres y croupissent toujours. Où est la justice pour ces personnes ?


En avril 2009, le département d’Etat américain a publié un rapport sur les violations des droits de l’homme commis par le gouvernement d’Idriss Deby au lendemain du raid rebelle sur Ndjaména le 2 et 3 février 2008. Ce rapport fait état de plusieurs centaines d’exécutions extrajudiciaires, des cas de tortures et de viols, de prisons privées appartenant aux membres du clan Deby, des cas de disparitions forcées.


En novembre 2007, une bande de voleurs d’enfants a tenté d’exfiltrer 103 enfants tchadiens pour aller les vendre en Europe, puisque des familles ont déjà payé des frais d’adoption et attendaient impatiemment la livraison des colis. Sur ordre du Président Idriss Deby, la Justice tchadienne a ouvert ses portes exceptionnellement un dimanche matin pour laisser filer les bandits de l’Arche de Zoé. Mieux, le Président Deby prendra même un décret pour amnistier Eric Breteau et sa bande de criminels. Aujourd’hui, les familles tchadiennes sont totalement exclues de tout dédommagement.   


Au Darfour, en Libye, au Mali et ces derniers jours en RCA, les forces tchadiennes commandées par des rejetons du clan ITNO s’illustrent par des dérapages criminels et mettent en danger de mort les ressortissants tchadiens dans ces pays. Ces derniers ont été victimes de toutes sortes d’atrocités, de meurtres et leurs biens pillés. Qu’a fait la justice pour tous ces Tchadiens ?


Des crimes économiques horribles aux conséquences incalculables ont été passés par profits et pertes. En effet, des centaines de cas de détournements massifs de deniers publics visant des barons du régime Deby n’ont connus aucune suite judiciaire. Ces bandits aux cols blancs ont été tous libérés, les uns après les autres au bout quelques mois, réhabilités et ont rejoint le cercle des impunis des ITNO.


Et nous pouvons continuer à citer encore et encore des cas d’injustice au Tchad du Dictateur Idriss Deby Itno.


Alors, on se demande bien où est passée cette justice dont parle Monsieur Reed Brody de HRW ? Est-ce que Monsieur Brody peut nous citer un seul cas de justice rendue entre 1999 au 31 décembre 2013 ?


Il est vrai que pour Monsieur Reed Brody, la justice au Tchad se limite à traquer les hommes du régime Habré. Exactement comme Jacquelines Moudeina qui n’avait d’autre réponse que d’avouer : « Je me focalise sur Hissein Habré tout seul, les autres ne m’en parler pas, ce n’est pas mon problème ». J’ai bien peur que Monsieur Brody soit aveuglé par sa haine personnelle contre le Président Hissein Habré. Il côtoie Idriss Deby, un criminel notoire, pour atteindre ses objectifs. Ce n’est pas honorable. Monsieur Reed Brody s’est laissé entraîner dans les dérives politico-criminelles et ethniques du régime Deby et des groupes extrémistes Saras. On comprend pourquoi lui est ses indigènes Sénégalais s’affairent sans relâche pour laver à grande eau leur bailleur de fond Idriss Deby Itno. HRW devra intervenir au plus vite pour éviter à Monsieur Reed Brody une noyade certaine.

Abderahmane Ahmat
abderah2005@yahoo.fr

  

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