Pendant que la classe politique et les forces vives du pays s’agitent avec leur fébrilité habituelle à l’approche de toute consultation électorale, le Président Deby, fidèle à lui-même continue à couler des jours heureux dans son terroir d’Amdjarass dans une insouciance totale.

 

Il continue, et se pavane ainsi au milieu d’une cour de courtisans et autres bouffons attitrés qui, ayant déserté Ndjamena se retrouvent tous à Amdjarass, devenue pour eux le Cendre du monde. Distribuant à tours de bras les millions de CFA au vainqueurs des courses de chevaux et de chameaux, Idriss Deby a donc agrémenté son séjours dans sa ville natale par un festival couteux dont l’indécence en cette période de crise n’a d’égal que le mépris condescendant qu’il a toujours affiché pour son peuple.

 

Ces manifestations se déroulent avec la participation complice de certains diplomates étrangers, eux aussi embarqués dans cette perversion générale, conscients en cela de faire parti d’un décor propre à redorer le blason d’un Chef d’Etat en mal de notoriété ; à moins que, acclimatés aux frasques habituels de nos tyrans Africains, ils se mettent allégrement à se prêter au jeu et cela au nom d’on ne sais quelle morale politique.

Idriss Deby, dans sa bulle d’insouciance continue donc à narguer tout un peuple qu’il a toujours regardé de haut et dont il est convaincu désormais n’avoir rien à craindre.

 

Fort de la puissance de son armée surtout sa garde prétorienne qui vient de s’illustrer par les touts récents massacres et brigandages opérés sur les orpailleurs et l’or apparu dans la région du Batha, Idriss Deby ne règne pas seulement par la terreur latente exercée par ses instruments de répression classiques sur la population ; il use également d’un vieil outil connu de tous les dictateurs : la diversion

 

En effet, en parfait connaisseur de la mentalité Tchadienne, il n’hésite pas à simuler l’agonie aujourd’hui pour réapparaitre très en forme le lendemain, usant de cette maladie (dont il faut en réalité relativiser la gravité) pour distraire une intelligentsia tchadienne très friande de ce genre d’événement ; la maladie du président est devenu ces derniers temps, l’unique sujet qui agrémente les conversations dans tous les « carrefours » de Ndjamena et les réseaux sociaux.

 

Deby use donc de sa « maladie » pour capter l’attention des cadres et intellectuels afin de leurs faire oublier le calvaire dans lequel ils vivent, comme il l’a fait du reste avec le jugement de Hissein Habré dont il a financé le procès à coup de milliards ainsi que de l’envoie chaotique aux frais du trésor public de nos soldats au Cameroun etc. Ces événements artificiels, même s’ils ont d’autres buts étaient subtilement destinés à occuper les esprits et faire oublier aux citoyens, les vrais problèmes.

Ces problèmes, tous les tchadiens les vivent au quotidien dans leur chair y comprit les acteurs politiques et ceux de la société civile ; toutes ces élites savent pertinemment que le calvaire du peuple tchadien ne prendra fin qu’avec le départ d’Idriss Deby qui ne peut plus convaincre personne d’une quelconque volonté de s’améliorer après 25 ans de désordre organisé ; conscient de cet état de fait, il a donc comme d’habitude, tout investi dans la construction méthodique de son traditionnel dispositif de fraude électorale.

 

Il ne semble pas s’inquiéter outre mesure, du résultat des futures « élections » à venir, aidé en cela par une classe politique qu’il a réussi à domestiquer et dont il n’a plus rien à craindre et par une société civile qu’il a méthodiquement réussi à diviser.

 

Il est évident à notre sens qu’après avoir validé par notre passivité et nos réactions indolentes, la mise en place de ce dispositif multiforme de fraudes électorales, nous ne sommes honnêtement plus fondés au stade actuel à chercher à en améliorer je ne sais quelles « imperfections » alors que nous savons tous que la machine de fraude mise en place par les complices de Deby est, au stade actuel indéboulonnable ;

 

Ne nous voilons pas la face : tous les candidats officiellement déclarés ou en voie de l’être savent très bien qu’ils ne deviendront pas Président du Tchad en 2016 Parce que tout le monde sait au regard de l’implantation de la machine de fraude de Deby qu’il suffira à celui-ci de présenter sa candidature pour être «réélu ».

 

A la CTDDH, nous estimons qu’il n’existe qu’un seul moyen au stade actuel d’empêcher Deby de ne pas briguer un cinquième mandat ; c’est celui de faire échec à sa candidature par des actions citoyennes.

 

Il nous semble que la meilleure manière de se débarrasser de Deby n’est pas de déclarer des « candidatures » dont tout le monde sait qu’elles n’ont d’autre but que de servir de caution à une future « victoire » du tyran ; accompagner Deby dans cette course jouée d’avance, c’est porter à terme la responsabilité d’un cinquième calvaire de cinq ans pour le peuple Tchadien.

 

Il faut que toute la classe politique et les leaders de la société civile se décomplexent et considèrent que le pouvoir appartient au peuple et non à Deby ; que les tchadiens sont des citoyens et non ses sujets, que nous ne sommes plus prêts à accepter un autre calvaire de cinq ans.

 

Il est temps plus que jamais de refuser cette candidature ; il faut mobiliser nos bases pour faire échec à un autre enfer de cinq ans ; le préambule de la Constitution nous en donne le droit. Pour nous, n’importe quel tchadien remplissant les critères peut être candidat aux élections présidentielles de 2016 sauf Deby ; Celui-ci n’est pas un candidat ordinaire ; c’est Idriss Deby ; un individu qui a affamé son peuple pendant vingt cinq ans, qui est responsable de la misère programmée des tchadiens, qui à institué une injustice jamais connue au Tchad avec l’institution d’une société tchadienne où vivent une minorité de maitres et une majorité de serviteurs.

 

Nous avons donc le Droit (dixit le préambule de la Constitution), de nous opposer à un régime politique qui gouverne par le clanisme, le tribalisme, le népotisme… la confiscation du pouvoir (25ans). S’opposer à la candidature de Deby, c’est s’opposer à son régime politique. Nos slogans doivent désormais être « TOUS UNIS CONTRE UNE CANDIDATURE D’IDRISS DEBY EN 2016 ». « PAS DE DEBY EN 2016 ».

 

Mahamat Nour IBEDOU.
Secrétaire Général de la Convention Tchadienne pour la Défense des Droits de l’Homme (C.T.D.D.H)

 

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