Le torchon brûle entre le président tchadien et les juges des Chambres africaines extraordinaires chargés d’instruire le volumineux dossier de l’ancien Président tchadien Hissène Habré, informe "ENQUETE". 

 

Selon le journal, l’Etat Tchadien, pas content du tout de la façon dont le dossier est piloté depuis Dakar, a réclamé dans une lettre adressée à cette juridiction spéciale, l’argent des frais d’hôtels payés par le gouvernement Tchadien, au profit de magistrats faisant la navette entre Dakar et le Tchad, dans le cadre de l’instruction. On ne sait pas dans quelles circonstances précises Idriss Déby a pu prendre en charge les frais d’hôtels de ces magistrats ; étant entendu que tous les frais de mission sont normalement pris en charge dans le cadre de fonds prévus pour le procès. 

 

Mais des sources bien avisées renseignent que ces magistrats ont dû se résoudre à investir les hôtels mis à la disposition par l’Etat tchadien, pour des raisons de sécurité ; les hôtels réservés n’offrant pas de garantie nécessaire dans un pays où l’insécurité est réelle. En tout cas, ils vont devoir…rembourser jusqu’au dernier centime. Mais pourquoi donc cette ‘’moutarde’’ bien pimentée est subitement montée aux narines de ‘’l’homme fort’’ de Njaména, nouvel allié inconditionnels des puissances occidentales pour des raisons stratégiques ? 

 

Il faut savoir que la Commission d’instruction des chambres africaines extraordinaires chargées de juger l’ancien président Hissène Habré avait rejeté deux fois de suite (en juin puis en fin septembre) une demande de constitution de partie civile de l’Etat Tchadien. Elle avait fondé ce double rejet sur le fait que les Chambres africaines extraordinaire ne sont pas habilitées à juger les crimes économiques, motif avancé par l’Etat Tchadien dans sa demande de constitution comme partie civile. Ce tribunal spécial a été mis en place pour juger « des crimes de guerres, des crimes contre l’humanité et des actes de tortures “. Il s’y ajoute que même si le Tchad est un Etat contributeur au même titre que la France, l’Union africaine etc, pour un budget total de 4,8 milliards de francs Cfa, les magistrats instructeurs n’ont jamais compris pourquoi l’Etat Tchadien protège certaines personnes dont la comparution au procès peut aider à la reconstitution des faits pour lesquels Habré est poursuivi. Bien au contraire, ce sont des procédures bancales qui ont été ouvertes contre ces personnes, sans doute pour les protéger.


Source : Le quotidien Enquête du 13 oct. 2014 

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