Monsieur Salah Mahmoud est le Consul honoraire du Tchad à Dakar. Ce tchadien à la quarantaine dépassée et au physique d’un pachyderme, est avant tout un fonctionnaire de l’ASECNA. Cette double casquette pose depuis quelque temps problème à la communauté tchadienne composée essentiellement d’étudiants mais aussi aux étrangers qui sollicitent les services du consulat. En effet, il se trouve que le colosse Consul est indisponible du lundi au vendredi de 8h et 18h. Et pour cause, il est à son travail à l’ASECNA. Du coup, les sollicitations se déroulent souvent la nuit tombée ce qui irrite parfois le Consul, exténué par une dure journée de labeur. Les frictions avec les étudiants ne se comptent pas. Cette tension est surtout observée avec certains groupes ethniques comme les Goranes, les Kanembou ou les Sara. Tandis qu’avec les autres et particulièrement les Zaghawa, c’est à croire qu’il cire leurs chaussures.

 

Face à ces désagréments quasi permanents, la communauté tchadienne réclame maintenant une véritable représentation diplomatique avec local et personnel. Une pétition serait même en cours de préparation. 

Au courant de ce mois de mars dernier, le Ministre de l’Enseignement supérieur du Tchad a été reçu en audience par le Président Macky Sall. Salah Mahmoud qui accompagnait le ministre tchadien a été prié d’attendre dans une salle d’attente, son nom ne figurait pas sur la fiche d’audience. Il se pose véritablement et à tous les niveaux un problème administratif et protocolaire à satisfaire.

 

Justement, pour ce qui est de la gestion du Consulat, il se résume à une affaire familiale. Un coin du garage du domicile a été aménagé en accueil, un petit drapeau du Tchad blanchi y flotte au-dessus. Dans cette cellule, Mme Salah Mahmoud s’auto-officie en tant que Secrétaire et se charge de recevoir les demandeurs, les papiers, encaisser les frais de dossier. Elle est parfois aidée dans ses tâches par les frères et cousines étudiants vivant sous le même toit. Cette confusion des services consulaires avec les affaires familles a été très tôt décriée par des compatriotes mais en vain.

 

Il y a près de 3.000 tchadiens au Sénégal. Les étudiants représentent le gros lot et 90 % n’est pas boursier, ils fréquentent les instituts privés de formation, totalement à la charge de leur famille. Où va l’argent du pétrole ? A l’exception notoire des étudiants Zaghawa qui dispose en plus d’une bourse d’études conséquente, des comptes bancaires bien garnis. Des étudiants millionnaires ! Cette surliquidité de ces jeunes du clan Itno permet à certains d’entre eux de se substituer aux services de transfert d’argent officiels. Par exemple, pour recevoir une somme de 100.000 frs CFA du Tchad par Western Union, vous devez payer 15.000 frs pour les frais d’envoi. Avec Itno-Transfer (appelons-le comme ça !), vous dépensez 7.500 frs, soit une remise de 50%. Votre parent remet les 107.500 frs à N’Djamena et vous retirez à Dakar les 100.000 frs après un simple coup de fil ou un même un sms de confirmation. Désolé pour la pub !

 

Cette triste réalité est honteusement exploitée par le Consul Salah Mahmoud pour se dédouaner de ses responsabilités vis-à-vis de ces jeunes étudiants tchadiens malmenés par la cherté de la vie à Dakar. Néanmoins, ces derniers doivent se procurer de la carte consulaire délivrée contre 5.000 frs CFA pour une durée annuelle. Quant au visa pour les étrangers qui souhaitent se rendre au pays de Toumaï, son prix varie entre 35.000 frs et 70.000 frs. Cela représente des recettes importantes mais la comptabilité du Consulat reste aussi une autre affaire familiale et donc un mystère à percer un jour. 

 

En plus tout cela, il y a les enveloppes laissées par les différentes délégations de passage à Dakar pour la caisse de l’Association des étudiants, l’association des femmes, etc. et dont la restitution reste plus qu’opaque. Il y a des antécédents. C’est peut-être la raison pour laquelle, cette année, Monsieur Salah Mahmoud a soutenu activement la candidature de son petit frère au poste de président de l’association des étudiants tchadiens au Sénégal. Malgré un budget conséquent pour sa campagne appuyée par des pubs dans la presse locale, ce fut un échec cuisant. Car un mouvement d’indignation et de révolte a mobilisé les étudiants pour un vote sanction. Enfin !

 

Si Monsieur Salah Mahmoud semble absorbé par son travail à l’Asecna et ses tâches consulaires sans oublier ses responsabilités de « bon » chef de famille, on ne peut pas dire qu’il manque du temps pour des tâches qui lui rapportent des pécules. Dans ce chapitre, c’est un secret de polichinelle d’évoquer les accointances troublantes entre le Consul honoraire et le Ministre des infrastructures M. Adoum Younousmi. Les investissements de ce dernier au pays de Macky Sall semblent prendre des propensions démesurées et font l’objet des rumeurs les plus invraisemblables. En complicité avec l’Architecte Sénégalais Pierre Goudiaby Atépa, Adoum Younousmi disposerait des villas et immeubles hauts standings (voir photo) construits flambant neufs et loués à des grands groupes à Dakar. Le Consul Salah Mahmoud serait le courtier, représentant les intérêts du Ministre Younousmi. On comprend un peu pourquoi tous les marchés sur les infrastructures au Tchad sont raflés par l’Architecte Pierre Goudiaby ATEPA, par ailleurs Conseiller occulte du Président Sénégalais. Le dernier marché concédé de gré à gré à ATEPA par Idriss Deby Itno et qui porte sur la construction de la cité des affaires devant abriter le sommet de l’UA en 2015 se chiffre à …. 241 milliards de francs CFA ! Le numéro spécial cinquantenaire du Tchad édité officiellement en 10.000 exemplaires et facturé 30 millions de francs est une véritable pièce à conviction pour une Association comme SHERPA qui traque les criminels économiques.

 

Salah Mahmoud se trouve être en plus de tout cela le coordonnateur en chef des actions anti-Habré à Dakar. Il est l’interface entre le noyau dur en charge du dossier Habré à Ndjaména et tous ceux qui gravitent autour de cette affaire à Dakar que le Professeur Sangaré a appelé les charognards, à savoir les droits de l’hommiste, les hommes politiques véreux, certains patrons de presse, d’autres intéressés. Les visites du Consul du Tchad aux Chambres Africaines Extraordinaires sont quasi quotidiennes. Dieu seul sait ce qu’il mijote avec les Juges.

 

Salah Mahmoud n’hésite plus de prendre son téléphone et d’appeler les journalistes pour demander leur soutien dans cette affaire, pour négocier une interview pour Jacquelines Moudeina ou faire publier un article contre Habré. Une corruption active que les Avocats du Président Habré ont publiquement dénoncée. On se rappelle aussi de l’affaire Me Demba Siré Batilly, représentant d’Amnesty international Sénégal et Avocat des plaignants, à qui Salah Mahmoud aurait remis 13 millions de francs Cfa sous le code « activités culturelles estudiantines » et qui a déclenché l’ire des étudiants tchadiens.

 

Idriss Deby Itno, Salah Mahmoud ne le porte pas dans son cœur. Il est plutôt « Younousmiste » et il ne s’en cache point de le montrer. Dans ses interviews dans la presse sénégalaise, il évite de parler politique car le dossier Deby est trop sombre et indéfendable dit-il en privé. En revanche, il s’étale sur les infrastructures et c’est bien le nom du Ministre Younousmi qui jaillit à chaque fois. D’ailleurs, il a même comparé Adoum Younousmi à Haussmann, le célèbre bâtisseur des plus beaux édifices de la France !

 

Récemment, le Consul Honoraire Salah Mahmoud a, lors d’une rencontre fortuite, approché un homme connu pour son soutien public au Président Habré pour lui dire ceci : « Le Président Hissein Habré a commis une véritable erreur qui lui a été fatale : il n’aurait pas dû envoyer Idriss Deby se former en France au Saint Syrte et tout cela ne serait pas arrivé. ».

 

Maintenant la communauté tchadienne prend ses distances de son Consul honoraire étiqueté ANS (police politique de Deby). Son agressivité, ses menaces à peine voilées, ses rencontres avec des Zaghawa sans activités précises à Dakar, les interpellations dont ont été l’objet certaines personnes de retour au pays, son rôle dans l’expulsion du blogueur Makaila, sont autant d’indices révélateurs sur la dérive d’un cadre de l’ASECNA.

 

L’appétit vient en mangeant dit-on. Qui connait Salah Mahmoud sait qu’il n’en manque pas, lui qui au petit déjeuner avale un plateau d’œufs en omelette, 13 pains, 2 thermos de lait, 1 thermos de thé, 1 pot de margarine, 1 boite de confiture, 3 litres de jus d’orange. Le pachydermique Consul honoraire du Tchad à Dakar croule sous les kilos et éprouve même une grande difficulté pour se déplacer sur une courte distance. L’essoufflement dû à la masse de graisse qui enveloppe le cœur ne présage rien de bon. Et pourtant, il lui faudra beaucoup de souffle pour affronter ses adversaires qui sont eux des grands résistants.

 

Par Abderrahmane Ahmat


abderah2005@yahoo.fr

 

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