25 septembre 2013 TCHAD/Sénégal: Réponse à Sidiki KABA: Ministre de la honte, et de l’abus du pouvoir.
(Souffrante, je ne pus réagir plus tôt)
Nommé Ministre de la justice, votre casting s’est fait uniquement sur l’affaire HABRE, autant dire que le contrat sur la liquidation du Président HH est la priorité du gouvernement de Macky SALL. C’est le point n°1 sur la feuille de route de votre ministère et sur l’agenda politique du Président de la République du Sénégal ; exécuté avant celui relatif à la réduction de la durée du mandat présidentiel. Tout le monde l’a désormais compris.
Votre nomination a suscité un tollé de protestations, et de condamnations. Indécente, inopportune, cette nomination symbolise aussi un abus de position dominante tout comme elle est contraire à l’esprit démocratique. De multiples arguments ont été avancés pour démontrer l’existence d’un conflit d’intérêts.
Ministre de la justice, votre mission première est d’avoir le souci de préserver les normes exigeantes d’un système judiciaire mais aussi de veiller à l’intégrité de ce système. Et Monsieur, si l’on considère que le Président Habré est un justiciable comme un autre, alors nul n’a le droit de le priver de cette garantie ; il en a va de l’intérêt supérieur de la justice dont vous devez être le garant, après le Président de la République, en avez-vous conscience?
De nombreuses voix se sont élevées pour démontrer ce conflit d’intérêt. Qu’en est-il? Pour exister un conflit d’intérêt suppose l’existence de liens entre une situation ancienne et une récente, mais aussi, une fois que ce lien antérieur établi, il faut qu’il y ait une connexion avec la nouvelle situation, autrement dit, en l’espèce, votre fonction de Ministre de la justice. Il faut aussi que la personne qui dénonce cette connexion soit exposée à un préjudice, dés lors, le conflit d’intérêts est là.
Mais plus encore, on peut ajouter que ce lien nuit de manière grave et sérieuse à une saine administration de la justice mais aussi porte atteinte aux principes fondamentaux d’égalité de traitement que toute personne est en droit de revendiquer.
En étant Ministre, vous avez aussi des devoirs envers l’administration de la justice, le principe de distanciation tant à l’égard des prévenus que de la cause s’impose à vous, ceci pour sauvegarder ce que l’on appelle l’exigence du maintien de "l’apparence de justice". Votre cas est désormais préoccupant.
La crédibilité contrairement à la bonne foi, ne se présume pas, Monsieur, elle se mérite. Votre jugement, votre loyauté au service public et à une bonne administration de la justice, dés lors qu’elles sont susceptibles d’être affectés défavorablement, dès qu’il y a ce risque, vous êtes en situation de conflits d’intérêts. C’est bien votre cas.
Un ministre de la République représente un gouvernement lequel parle au nom de son pays. Dans mon entendement, un ministre de la République du Sénégal doit agir avec dignité, intégrité, honneur, respect, modération et courtoisie.
Excédé par la solidité des critiques et les réserves sur votre nomination exprimées ça et là, votre réponse a été de nous injurier avec violence.
Est-ce étonnant de votre part? Pas du tout, la violence fait partie du registre de votre camp, elle s’est exprimée tout au long de l’affaire HABRE.
L’indignité de votre bouche est le stade suprême d’un processus qui s’est décliné par le mépris du Droit, le non respect des décisions de justice, l’agression physique lors du kidnapping, et aujourd’hui, l’injure que vous nous infligez est un acte banal dans votre bouche.
Elle symbolise votre violence et elle dévoile que pour vous, nous ne sommes rien. Ayant réussi le kidnapping du Président HABRE, vous avez, dés lors, banalisé l’atteinte à son intégrité physique. Gonflé à bloc par votre nouvelle station, vous redoublez d’agressivité, conscient de votre impunité.
Ce kidnapping était une étape de votre programme de mise à mort. Pour agir, votre camp a eu recours au registre de la dangerosité. Des exemples dans l’actualité internationale, nous permettent de citer la théorie du « bunker »(Saddam Hissein, Laurent Gbagbo), ou encore la dangerosité par la présence d’armes de guerre (Hissein Habré) ou de personnes boucliers humains (les populations irakiennes, les Ouakamois). Autant de manipulations de l’opinion pour justifier la violence déversée sur une personne désignée comme la cible à atteindre.
Monsieur, plus, la cible est significative, plus, elle constitue un support idéal d’expression; on intoxique l’opinion, on agresse la cible, on l’injurie; une mise à mort raffinée en d’autres termes.
La violence de votre camp continuera de s’exprimer, même après la mort, elle s’acharnera sur le corps sans vie de la cible, c’est ainsi. Monsieur, qu’après l’exécution de Patrice Lumumba, on s’est acharné sur son corps en le jetant dans un fût de 200 litres d’acide. Le combat continuait après la mort…, de même, la plus grande démocratie au monde a été incapable de traiter la dépouille mortelle de Ben Laden comme celle d’un être humain tout simplement. Après l’arrestation de Gbagbo, on a vu les humiliations faites à lui, physiquement, en le déshabillant et en le filmant. De même, Saddam a été aussi montré hagard, la bouche ouverte, avec une barbe de plusieurs mois.
Autant d’actes de violence, d’humiliations pour détruire la cible, la démythifier comme si pour l’atteindre, il fallait s’acharner sur le corps de celle-ci, faute d’avoir pu atteindre et dominer son esprit, sa liberté et son émancipation. Voici les méthodes de votre camp.
C’est pourquoi, Monsieur, votre injure est une blessure morale, en situation de conflit, elle précède, d’habitude, l’agression physique, mais vous venez de nous apprendre qu’elle peut, parfois, succéder à un acte de violence physique ; le kidnapping.
Ainsi donc, dans votre opération de liquidation politique extrêmement raffinée, l’injure ne se résume pas seulement à un acte verbal, elle est, aussi, un acte physique, elle réduit l’individu à une bête sur laquelle, on s’autorise tout.
Un acte physique peut être aussi une injure; ainsi, par exemple, au Tchad, sous le régime de Tombalbaye, des militaires ont rasé des femmes musulmanes au Nord, c’était un acte physique mais c’est aussi, une injure, une blessure morale, pour toucher tout un groupe social et non seulement les femmes, exactement comme vos insultes.
Face à des insultes, des injures publiques, les réactions sont diverses, une personne peut franchir toutes les lignes et répondre par une agression physique ou alors, elle peut, aussi, rendre injure pour injure. .
Ceci pour signifier qu’injurier des personnes n’est pas faire preuve d’un quelconque acte de courage, bien au contraire, injurier des personnes, c’est tout simplement franchir des frontières, c’est s’attaquer à l’honneur d’une personne et à sa dignité. Monsieur, l’honneur étant une valeur sociale et psychologique importante. Et s’il est vrai que, dans nos traditions, les femmes sont gardiennes de l’honneur des hommes et réciproquement, il n’en reste pas moins qu’il reviendra aux hommes de répondre à vos injures publiques.
Comme le rappelle son sens étymologique latin « injuria », l’injure est une absence de justice, une injustice (violation du droit, pour un ministre de la justice, chapeau!) c’est donc une attitude destinée à causer du tort à autrui. Vos injures expriment la cruauté de votre camp et le mépris dans lequel on voudrait tenir la cible.
L’objectif visé est l’humiliation, c’est la raison pour laquelle, vous vous acharnerez sur un prisonnier, et même sur un cadavre. La mort héroïque de la cible est un revers pour son agresseur qui cherchera à se rattraper sur son cadavre, qu’il continuera à injurier, à titre posthume, pour lui ôter toute dignité.
C’est pourquoi, Monsieur, l’exécution de Saddam Hussein, le jour de l’Aïd AL Kabîr, la plus importante fête musulmane, participe de cette volonté d’atteindre la cible dans sa dignité, dans sa foi, mais aussi, au delà d’elle, tout un groupe religieux ; les musulmans dans le cas d’espèce. Le Président HABRE a été emprisonné, à quelques jours du mois saint du Ramadan, encore une fois, que de symboles honteux et provocateurs dans votre guerre sectaire !
Les registres de votre camp, dans la traque politique du Président HABRE, se sont exprimés par un long processus de violations du droit, de non respect des décisions de justice, de violations de domicile, d’enlèvement, de manipulations médiatiques, et d’injures. Une véritable boucherie! Des méthodes de boucher autrement dit.
Pour vous et vos proches, il s’agissait de déshumaniser, donc d’animaliser la cible, en l’occurrence le Président Hissein HABRE pour l’exclure du droit au respect, et d’arriverà cette destitution du droit à avoir des droits.
Je ne vous ferai pas l’injure de dire que vous en êtes le grand manager, loin de là, tout comme s’il fallait attendre qu’un ministre en conflits d’intérêts démissionnât de lui même.
Vous avez toujours été un maillon de la chaîne d’exécution de cette opération de liquidation du Président Habré. Un maillon comme tant d’autres et c’est encore à ce titre, qu’on est allé vous chercher pour jouer votre partition dans la phase finale de ce complot.
Un complot basé sur la trahison, de ceux qui pensent que le Président HABRE en venant s’installer au Sénégal, est, désormais, isolé de son peuple, de sa communauté, de ses parents, de sa famille, de ses amis et sympathisants et que par conséquent, on peut en faire ce qu’on veut. La sagesse populaire africaine nous enseigne que lorsque la Vie t’amène des problèmes, c’est le Tout Puissant qui t’enverra aide et assistance face à tous ceux qui se croient plus forts.
L’affaire HABRE continuera de dévoiler à la face du monde que le Sénégal n’est plus cet État de Droit qu’il a été, dans le passé, et quant à nous, face à ces multiples maillons qui posent, chaque jour des actes de violences contre nous, nous nous défendrons tant qu’il nous restera un souffle de vie, et viendra le jour où tous les maillons devront aussi rendre des comptes.
N’est-ce pas se faire injure à soi même que de ne pas y veiller ?
Mme Fatimé Raymonne HABRE
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