A quelques encablures du procès, tous les loups sortent du bois. Après la révélation par les avocats du Président Habré lors de leur dernier point de presse, de la présence d’une équipe de 13 juristes français planquée derrière les soi-disant juges des CAE, équipe qui se chargeait de faire l’essentiel du travail juridique, les argumentations mais aussi la rédaction des réquisitions tant au niveau du Parquet, de la chambre d’Instruction que de la chambre d’Assises. Voilà qu’on apprend que RFI a signé un partenariat avec les CAE aux termes duquel l’émission « Archives d’Afrique » d’Alain Foka sur le Tchad, sera diffusée pendant le procès. L’émission concerne l’interview de Goukouni Weddeye sur Hissein Habré. Rappelons que Goukouni Weddeye avait reçu une convocation des CAE lors des commissions rogatoires et qu’il avait refusé de répondre à cette convocation. Par la suite, les juges lui ont demandé de venir à Dakar pour être auditionné. Ce qu’il avait aussi rejeté. Enfin, une série de questions lui a été envoyée par une commission rogatoire. En réponse, le Procureur de la République a adressé un courrier aux CAE pour les informer que M Goukouni Weddeye lui a signifié clairement qu’il ne souhaitait pas intervenir dans ce dossier. Il est, aujourd’hui, établi que d’autres ont décidé de le faire parler dans ce procès malgré lui peut–être. RFI a t-elle consulté M Goukouni sur l’utilisation comme élément à charge dans un procès, d’une interview donnée dans un contexte précis ?

 

Le journaliste Alain Foka de RFI a réalisé une série d’émissions sur le Tchad en falsifiant l’histoire de ce pays, contrairement à son slogan tonitruant. Voilà ce que nous écrivions sur son émission le 14 Novembre 2010 : RFI, la radio de la françafrique a lancé, ces dernières semaines, une offensive médiatique ou plutôt, on assiste à l’accélération de sa politique de lynchage médiatique de Hissein Habré (HH). Le choix de ce moment n’est pas innocent, on attend la décision de la Cour de justice de la CEDEAO sur l’affaire HH ; alors la voix de la France s’exprime haut et fort, après 48 communiqués du Quai d’Orsay sur cette affaire, après une dizaine d’années d’intoxication, de parti-pris grossiers, la cellule DGSE de RFI est loin de se décourager, les français ont la haine tenace, c’est bien connu. Illustration : Pour les festivités du cinquantenaire, les armées africaines ont été invitées à défiler sur les Champs Elysées à l’exception de celle de la Guinée Conakry. Ainsi donc, Sarkozy, qui était âgé de 5 ans au moment où le général DE GAULLE disait « Sékou Touré, je le veux ventre à terre à mes pieds !», a hérité, 50 ans après, de cette rancœur et s’est assigné le devoir de la perpétuer et de « punir» les jeunes militaires guinéens qui n’ont même pas connu Sékou Touré. A méditer sérieusement.

 

Cela signifie tout simplement que la politique française vis-à-vis de ses  anciennes colonies n’a pas varié d’un iota depuis 1960. Les hommes-liges placés à la tête des ex-colonies (sont-elles vraiment des ex ?) lui doivent obéissance et soumission. Toute personne qui s’en écarte, fera l’objet d’une chasse à l’homme sans relâche  afin de bien montrer aux autres ce qu’il en coûte de s’opposer à la puissante France. Comment s’étonner alors que l’Afrique francophone soit la région la plus sous-développée du continent. Comment s’étonner que tous les médias françafricains soient en crise totale, englués qu’ils sont dans une ligne éditoriale tendancieuse, subjective et diffamatoire. Face à la montée en puissance des médias africains, radios et télévisions, la sinistrose gagne RFI et TV5, les 2 outils de  communication de la Françafrique. Après les grèves et compression du personnel, RFI rame péniblement ; quant à TV5, elle est au fond du puits, son audimat a tellement chuté que les chiffres n’ont pas été rendus publics. La situation est catastrophique, la chaîne de la francophonie est venue proposer à une chaîne locale sénégalaise SN2 de relayer ses émissions  (pour espérer être regardée !!), sans compter que la direction de TV5 a confié à un correspond local la tâche de lui trouver des contrats publicitaires dans le pays. Autant dire que c’est la faillite. N’est-ce pas la directrice de RFI qui disait lors d’une interview qu’il n’était pas question de transformer RFI en une radio africaine (mon dieu, quelle horreur !), RFI avait sa propre âme, et sa mission était de développer le regard français sur l’actualité. On peut en douter, réalisme et crise oblige, certaines émissions sont sorties de ce cadre pour coller au public en majorité  africain.

 

A public africain, journaliste africain ? La répartition des rôles dans la maison RFI est le  parfait reflet de la politique française telle qu’elle se décline dans tous ses compartiments sociopolitiques. La pseudo émission interactive de Juan Gomez lance des sujets d’actualité où les interventions sont préenregistrées, donc filtrées, les mal-pensants écartés, le tout dans le respect strict de la politique française. C’est la moindre des choses pour une radio financée par le Quai d’Orsay, me diriez-vous ? Dans ce cas, arrêtons cette farce, car tout le mode a compris l’arnaque. Les journalistes africains sont présents à RFI, bien installés dans le moule françafricain, ils en connaissent le tempo et les limites. Le journaliste africain de RFI est le porte-voix de la ligne éditoriale du ministère des affaires étrangères français, qui lui paie son salaire comme à tous les employés de la radio. Il est donc tenu de suivre la feuille de route édictée, s’il s’en écarte, il est viré. Aussi, prendra-t-il, très souvent, la posture de faire siennes les idées de la maison pour les porter et les défendre gaillardement. Et la belle astuce, c’est que la répartition des tâches est faite de manière scientifique comme on dirait au Tchad, ainsi, vous ne verrez jamais un Alain FOKA, ou un Assane DIOP, ou encore un Boniface VIGNON, présenter une émission sur Israël, sur la politique française, sur l’Europe, sur l’Asie, sur le conflit irakien ; ce serait une hérésie totale, nos fantassins sont positionnés sur les questions indigènes. On aura relevé que les journalistes arabes travaillant à RFI ont une posture complètement différente et on ne les a jamais retrouvés dans cette position honteuse faite de compromission et d’exécutant de sales besognes quand il s’agira de parler des pays du Maghreb. Gonflés à bloc par leur statut de journaliste francafricain, synonyme de puissance et d’impunité, c’est avec beaucoup de zèle que les « nègres de service » accomplissent leur travail. Et quel travail ! Alain Foka, journaliste Camerounais à RFI dont l’émission portant sur l’actualité internationale vue par la presse africaine, vient de recevoir notification de l’arrêt de son émission par la direction de RFI, suite, dit-on, aux commentaires des éditorialistes africains sur AQMI et l’enlèvement des otages, lesquels commentaires n’ont pas été appréciés par le staff qui surveille ce que nos oreilles doivent entendre.

 

Résultat : Arrêt définitif de l’émission. L’autre rubrique de M. Foka  est « Archives d’Afrique », émission sur l’histoire contemporaine de l’Afrique, titre pompeux et prétentieux, puisque loin de son titre, le contenu de l’émission  n’est pas la résultante d’une démarche objective permettant à un historien de relater le déroulement des événements politiques africains en les illustrant avec des archives et des interviews d’acteurs politiques. Pas du tout, le journaliste en parfait amateur manipule, à dessein, les faits historiques, déforme les événements, les raccourcit, les sort de leur contexte politique, triche, sélectionne et donne la parole à certains acteurs, en écarte d’autres, le tout dans un style ampoulé et délirant, complètement décalé par rapport à la gravité de certains sujets ; mais attention, malgré cette emphase, le journaliste ne perd pas une seconde ce qui est sa raison d’être dans cette maison. La présentation de l’histoire contemporaine de l’Afrique est toujours présentée de manière à taire le rôle, la responsabilité et les actes posés par la France. Le tout soigneusement  revu et corrigé selon les intérêts françafricains. Cette démarche a guidé les pas du journaliste dans toutes les émissions qu’il a présentées sur le Tchad depuis plusieurs années ; Kamougué, Malloum, Goukouni, Deby, tous sont passés à l’antenne, apportant leurs témoignages sur différents événements politico militaires, et tous avaient bien compris la perche qu’il leur tendait à savoir frapper sur HH, tous  les intervenants connaissent bien la maison et ses mœurs, ne s’en sont pas privés et bien entendu, ils se sont tous donnés les beaux rôles et ont gardé le silence sur  leurs propres ignominies face à un journaliste complice et complaisant.

 

L’injure à la bouche, M. Foka s’est permis de dire tout et n’importe quoi sur HH, parlant tout de go « au nom des tchadiens », (« Pour les tchadiens, le régime de HH….), l’objectif pour lui dans le cadre de ses émissions n’étant pas de dire la vérité, autrement, il aurait organisé un débat digne de ce nom. Or, c’est à une parodie scandaleuse qu’on a assisté à Ndjamena ; 5 personnes sont positionnées pour démolir HH, M. Foka compris et une seule pour le « défendre » où tout simplement parler honnêtement et objectivement. M. Foka prétend  qu’ « il a eu beaucoup de difficultés à convaincre les gens qui ont travaillé avec HH de témoigner, parce que  ces gens ont peur de représailles des réseaux pro HH ». Affirmation grossière, diffamante et parfaitement contradictoire car comment explique-t-il alors, la présence de 5 personnes dont le rôle est de lyncher HH, celles-là seraient donc à l’abri des réseaux pro HH ?

 

Alain Foka n’a pas supporté que des Tchadiens n’aient pas accepté de collaborer à son opération de lynchage médiatique, que des gens qui savent très bien qu’ils n’ont aucune liberté d’expression pour dire ce qu’ils pensent de HH, ont préféré s’abstenir et ne pas prêter le flanc à sa farce. Qui peut, aujourd’hui, nier qu’au TCHAD, personne ne peut dire publiquement du bien de HH, sous peine de représailles ! Le montage des émissions de M. Foka mériterait de figurer dans les écoles de journalisme pour illustrer à merveille ce que les Anglo-saxons appellent  judicieusement « character assassination » (assassinat de personnalité). Lorsque la calomnie est déguisée en information, elle en devient toxique. Le dénigrement pas plus que la servilité ne peuvent prétendre au journalisme.   Lors de l’émission au Tchad, le  Général Gouara Lassou a fait ce qu’il a pu, avec courage, et a lui  aussi, relevé la folie de cette émission où en ayant 5 participants contre lui seul, le journaliste de RFI tentait de le censurer. Comment peut-on organiser une émission portant sur de faits sérieux et graves, d’accusations gravissimes contre une personne dans un décor de concert avec un public excité, et invité à réagir pour perturber le soi-disant débat.

 

Aucun journaliste digne de ce nom ne peut  sacrifier son professionnalisme à ce point.  Au moment de l’affaire CLEARSTREAM, M. De Villepin avait dénoncé un lynchage médiatique contre lui. En comparaison, de ce que les médias françafricains disent sur HH, soit cet homme politique exagère, soit,  il faut trouver un autre terme plus fort pour traduire le cas de l’ancien Président tchadien. Quand, à l’écoute de ces émissions, on constate que le journaliste Alain Foka  dit de grosses bourdes, du genre « Kamougué est devenu président du Tchad ! », mais encore, quand une des personnes sur le plateau a déclaré s’être rendue à Kousseri  pour voir Kamougué et Kotiga, alors que ces hommes politiques ne s’y sont jamais installés. Le mensonge  passe comme lettre à la poste. Tout le monde l’aura compris, les émissions d’Alain Foka sur HH, n’ont pas pour objectif de dire la vérité, mais plutôt, comme l’a si bien dit, M. Gali Ngothé Gatta, lors de l’émission : « Il y a un mythe Hissein Habré au Tchad » et apparemment son rôle est de le détruire, avec le concours actif des médias françafricains. Vaste programme !

 

La Rédaction de Zoomtchad

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