Il était attendu à la barre depuis le 20 juillet 2015, il se vautrait dans la salle du palais de justice, surveillant les auditions pour le compte du boss Reed Brody.

 

Cela fait donc depuis bientôt un an, voire plus qu’il s’échauffait, se préparait à cette audition. Préparation en groupe, en solo, en aparté sur tous les tons et en tous lieux, à Dakar, à N’Djamena, bref partout, il suivait à la trace Reed Brody, apprenant par cœur les formules clés en mains du discours des ONG, siégeait avec plein d’assurance sur les tables des points de presse et conférence de presse. La presse ne lui faisait pas peur car non seulement, il était bien encadré par toute la logistique des spécialistes de la communication que sont les dirigeants des ONG mais en plus, tout avait été payé rubis sur ongles. Le balisage médiatique était cinq sur cinq, alors Clément Abaifouta pouvait réciter sa leçon apprise depuis plus de 15 ans sans trous de mémoire.

 

La disparition d’Ismaël Hachim, lui a permis de se positionner comme Président de l’association et de jouer les premiers rôles. Il a adoré et en a bien profité. Alors, tout le monde l’attendait, tout comme, lui même, piaffait d’impatience, sautillait sur place comme un puceron depuis le 20 juillet, date de l’ouverture du procès. Sa fréquentation de Reed Brody, son briefing, ses mensonges grossiers, tout avait été étudié et préparé, exposé depuis plusieurs années lors de pseudo interviews, où les textes étaient préparés, corrigés et payés. Alors à force, Clément Abaifouta, en se lisant, a crû réellement que c’était son œuvre à lui, bombant le torse, il avançait d’un pas assuré, dopé à fonds sur ses compétences. Pourtant, Reed Brody, inquiet mais surtout parfaitement au courant de la bêtise du personnage, prit la précaution de le pousser dans la salle pour assister à toutes les audiences, pour s’y imprégner, pour démystifier le jeu des avocats.

 

Bref, le grand jour est arrivé, et exactement comme dans les séries américains, Abaifouta a été habillé d’un costume pour soigner son apparence, Brody devait penser qu’il en avait bien besoin, il fallait essayer de tricher devant le public et la Cour. Il faut préciser une chose ; c’est qu’Abaifouta est un comédien, acteur, il joue dans des séries diffusées à la Télé Tchad. Alors, il s’est dit, en cas de besoin, je saurais leur en mettre plein la vue. Seulement voilà, on a beau se préparer, les choses peuvent tourner parfois au vinaigre. Après avoir déroulé toutes les choses les plus invraisemblables, voulu déborder et dire le maximum de choses à la fois, témoigner sur tout et n’importe quoi, Abaifouta a fini par se mélanger les pinceaux. Il était acteur déjà en 1984 en prison, il a tout vu, tout entendu, bref il était au centre de tout. Un délire total presque démentiel. L’obsession du Maître est passée par là. Alors quand les choses sérieuses ont commencé, ses yeux globuleux et exorbités faisaient des rotations dans tous les sens, cherchant désespérément du secours. Constat d’une descente aux enfers :

 

-"J ai eu mon bac en 1984, j’avais 23 ans, j’habitais chez mon oncle Facho Balam. " Réponse de l’avocat d’office, en 1984, vous avez 26 ans selon votre date de naissance et Facho Balam qui est déjà passé à la barre, a dit qu’en 1984, il était à Cotonou pour le compte du GUNT. Et toc ! "J’ai obtenu une bourse privée pour aller en Allemagne", question, dans quelle Allemagne ? RDA ou RFA ? Silence, le bachelier ignore tout des 2 Allemagnes, de leur existence, de la capitale de la RDA, de l’université où il allait soi-disant étudier, des études qu’il devait faire. Rien du tout, la calebasse est vide, l’arnaque d’une histoire préfabriquée est mise à jour et Abaifouta ne sait plus à quoi se raccrocher. Ah ! Si, les trous de mémoire, la belle astuce. Mais là aussi, il se fera coincer. Depuis 25 années, aucun bilan médical, aucune consultation médicale, aucun traitement pour l’un des plus grands chouchous de HRW. Comment est-ce possible ? s’exclame l’un des avocats. Soulignons les centaines de billets d’avion, les frais d’hôtel, les per diem, les aides à droite et à gauche récoltées après les mille et une démarches auprès des bailleurs de fonds, auprès d’Idriss DEBY etc. toutes ces dépenses sont engagées par Reed Brody et Cie et aucun soin de santé pour Clément Abaifouta ? Pourquoi ? Parce que les trous de mémoire n’ont jamais existé. Tout simplement !

 

Autre chose qui a fait rire toute la salle, les trous de mémoire de Abaifouta sont très sélectifs, ainsi, il pouvait donner des précisions sur les dimensions des pièces, sur le nombre de personnes enfermées, il se rappelle de tout prétend-il, et, dés qu’il y a une question qui le gêne, les trous de mémoire sont la parade. Il y a une cellule de 2 sur 3 et il y avait plus de 50 personnes. Vous vous rendez compte de ce que vous dites, 2 sur 3, cela fait quelle superficie ? lui demande l’avocat. Je ne suis pas bon en calcul, je ne sais pas. Vous ne pouvez pas me dire combien font 2×3 ? Non, je ne suis pas bon en Math, répond le faux bachelier. Alors, comment vous pouvez compter les personnes jusqu’à prétendre qu’elles étaient plus de 50 ? Silence de Clément Abaifouta TOTO qui venait de rater son audition. Clément Abaifouta, la mascotte de Reed Brody a pataugé dans ses mensonges, coincé sur son histoire aussi, par les déclarations de Facho Balam sur le transfert de leurs camarades de la lutte armée vers les pays de l’EST grâce au soutien de la Libye. Facho Balam qui a, expressément, cité son neveu Clément qui devait rejoindre la rébellion et qui a été trahi, alors que la première vague est bien sortie du territoire, comme le lui soulignera l’avocat d’office. Vous faites partie d’un groupe armé menant des opérations d’atteinte à la sûreté de l’Etat et c’est punissable par le Code Pénal Tchadien !"

 

Clément Abaifouta dénonce et porte des accusations graves sur Abderamane Moussa :

 

"Abderamane Moussa était connu pour enlever des gens et les transporter dans le coffre de sa voiture et les amener à la DDS, j ai été témoin de ces faits, a t-il déclaré sur son PV d’audition de la côte D42 fait devant la Commission rogatoire Internationale, le Clément Abaifouta a, aussi, dévoilé que les femmes détenues étaient pour certaines violées à la DDS. Rappelons qu’aucune femme n’a dit, avoir été violé, à la DDS, celles qui ont dit l’avoir été, c’était à Ouadi doum et là encore, les versions divergent puisque certaines ne l’ont pas reconnu.

 

Clément Abaifouta remettra en cause la parole et la moralité des femmes détenues : 

 

Ensuite, Clément Abaifouta dira aussi sur son PV que certaines femmes avaient des relations consenties avec les agents de la DDS moyennant des services comme du savon et des crèmes de beauté, ou encore des privilèges et c’est parce qu’elles avaient ces privilèges qu’on les a éloignées à Ouadi doum. Incroyable ! La mascotte de HRW qui accuse les femmes détenues d’être de moralité douteuse ! Que faut-il en penser ? Sur cette question, un échange violent a eu lieu avec un des avocats d’office qui a été choqué de voir Abaifouta modifié sa version des faits pour se connecter sur les dernières consignes de Reed Brody, à savoir évoquer les abus sexuels, en se cachant, derrière les soi-disant paroles de quelqu’un qui est décédé (Abba Moussa) pour dire que ce dernier ayant découvert les relations sexuelles consenties des femmes détenues avec les membres de l’administration pénitentiaire, dira :"Vous voulez des hommes, vous allez en avoir !" C’est d’autant plus un mensonge grave, car cela signifierait qu’un simple agent peut sur un coup de tête faire transférer des personnes. Abaifouta sera piégé aussi sur le mot d’ordre donné par Reed Brody et qu’il ne devait surtout pas oublier, consistant à citer et impliquer au maximum le Président Habré. L’avocat lui rappellera ses propos sur une sortie faite par lui et les agents de la DDS pour enterrer des personnes mortes : "Vous avez raconté qu’après avoir enterré des personnes, les agents de la DDS se sont mis à l’écart pour se concerter pour savoir, s’il ne valait pas mieux, ne pas laisser des témoins et donc vous liquider vous aussi." N’est-ce pas ? Questionna l’avocat. Oui, c’est exactement cela, Dieu nous a sauvé ce jour-là ! Répondit-il . "Vous pouvez comprendre, Clément Abaifouta, par cet épisode que le Président Habré n’était pas informé, ni n’a eu à intervenir, s’il vous était arrivé quelque chose, vous, qui le rendez responsable de tout. Abaifouta, des trous pleins la tête, hurla :" Non, non, il voit tout et sait tout…" "J’en ai terminé" dira l’avocat. Le fossoyeur venait de creuser sa propre tombe et de s’y écrouler.

 
Source média Habré

 

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