7 novembre 2013 TCHAD/Soudan: Communiqué Commun du MJE et du MLSA.
Le Président tchadien Idriss Deby en accord avec le Chef du système soudanais à Khartoum a invité quelques notables de la communauté zaghawa du Soudan et un nombre parmi les suppôts du régime de Khartoum, à une réunion à Amdjaress du 25/10 au 27/10/13 afin de leur dicter sa vision des solutions aux problèmes soudanais. Devant cette situation extrêmement étonnante et cacophonique, les deux Mouvements tiennent à apporter des précisions suivantes :
Les deux mouvements saluent tout effort de médiation au niveau régional ou international au règlement des problèmes soudanais et ce, conformément aux critères et aux conditions édictés internationalement le premier desquels l’impartialité totale, la non-ingérence dans les affaires intérieures du pays sauf dans les limites autorisée par les parties en conflit.
Les deux mouvements précités et d’autres forces d’opposition politico-militaires soudanaises avaient donné au Tchad en tant que pays voisin lié par les liens du sang, par l’histoire commune avec le Soudan, des occasions en or pour participer au règlement du conflit soudanais au Darfour, malheureusement l’obstination du Président Idriss Deby à imposer à la résistance ses propres visions pour des solutions partielles et étriquées et son penchant du côté du système génocidaire, ont fait perdre à la République du Tchad des occasions et à son Président actuel toute crédibilité de parrainer toute forme de médiation dans le conflit de Darfour.
Les deux mouvements saluent tout effort ou toute forme de participation pour le développement du Darfour, toutefois ils ne croient nullement à ce discours et surtout le lieu choisi pour en déclarer ; d’autant plus que le Président Deby a passé presqu’un quart de siècle à la tête de son pays et que pendant tout ce temps il n’y a eu aucune participation de développement de sa part, alors comment dans ces conditions la population de Darfour puisse croire que l’homme soit animé des bonnes intentions ? Ensuite les deux mouvements réfutent toute tentative de titiller les esprits et les sentiments des citoyens avec dédain et cynisme en utilisant des slogans creux et des promesses dont on savait par avance que l’auteur n’a jamais tenu compte de ce qu’il dit, et son parcours est la meilleure preuve de son manque de sincérité pour parler encore du développement !
Le conflit soudanais au Darfour est un problème national qui concerne les libertés individuelles, la souveraineté de la loi, l’identité et l’égalité de la citoyenneté, la justice dans la distribution des ressources et de responsabilités, et d’autres problèmes nationaux en général en sus des méfaits de la guerre qui ont eu pour conséquence la destructions des structures, des déplacements à l’intérieur et à l’extérieur de la population, et enfin la problématique de développement inégal entre les régions. De ce fait, libre au Président Deby de se transformer en chef de tribu ou agissant en tant que tel comme il voudra, mais il n’a nullement le droit de transformer le conflit soudanais à un problème régional et surtout de le réduire en l’isolant des revendications globales.
Par ailleurs, qu’on sache que les zaghawas au Soudan sont d’abord des soudanais, ils ont participé à l’édification du Soudan à travers l’histoire, ils ont leurs assises sociales et leur destin politique qui les lient à leur société, en conséquence il est inutile de tenter de les isoler de leur milieu social à l’instigation des forces extérieures.
Le Président Idriss Deby avait essayé d’intervenir militairement dans les affaires intérieures du Soudan et porter atteinte à sa souveraineté, il l’a réitéré encore à la réunion d’Amdjaress ses intentions d’intervenir militairement et déclarer une guerre ouverte contre les deux mouvements s’ils ne se soumettent pas à ses conditions pour le règlement du conflit dans un cadre des revendications minimales. Sans doute, ce comportement contraire à toutes les lois et les traditions internationales et régionales soumettra le Président Deby aux bancs des lois internationales générales et humanitaires en tant que partenaire principal des crimes commis ou qui seront commis par le régime raciste d’Al Béchir au Darfour. Les deux mouvements désapprouvent cette menace et la condamne énergiquement, et demande au Conseil de Sécurité des Nations Unies, à l’Union Africaine et à la Communauté internationale de prendre toute leur responsabilité pour protéger la souveraineté du Soudan sur ses terres, son peuple et son indépendance des interventions à cause de ses problèmes internes.
Les deux mouvements invitent les forces de l’opposition nationale et tout citoyen soucieux de la souveraineté du Soudan et de son indépendance de faire face avec la plus grande fermeté aux ingérences du Président Idriss Deby dans les affaires intérieures du Soudan lesquelles agissent contre la volonté du peuple soudanais pour la pérennisation du système génocidaire, et ceci en saucissant le problème du Soudan et en affaiblissant l’opposition face à son adversaire principal.
Le Président Idriss Deby était un partenaire essentiel pour les crimes de l’épuration ethnique et de génocide commis au Darfour depuis sa fameuse déclaration en 2004 à El-Fasher en présence de son partenaire pour l’inauguration de la campagne de l’épuration et du génocide. Depuis cette date, le Président Idriss Deby demeure le partenaire essentiel d’Al Béchir pour les atrocités commises au Darfour, et d’ailleurs il les a reconnues lui-même à la réunion d’Amdjaress.
Nous demandons à la Cour Pénale Internationale de diligenter une enquête dans les meilleurs délais sur le rôle du Président Idriss Deby dans les crimes commis au Darfour, étant principal partenaire d’Al Béchir depuis la déclaration de la campagne et le déclenchement des combats menés par l’armée et les miliciens.
Nous exhortons toutes les organisations humanitaires de se joindre à nous afin de découvrir le rôle exact du Président Deby afin de le traduire à la CPI à l’instar de son complice Al Béchir et de ses amis, et que ses déclarations et ses aveux hostiles et provocateurs devant nos parents qui n’ont et n’auront perdu aucun de ce qu’il a dit soient considérés comme des preuves palpables contre lui pour ses forfaits auprès de la CPI.
Nous lançons un appel pressant à nos bureaux de l’extérieur, aux organisations des droits de l’Homme, aux activistes en la matière et aux amis de se joindre à nous pour protester contre l’intervention du Tchad dans les affaires intérieures du Soudan en se basant sur la dernière réunion d’Amdjaress. Nous leur demandons aussi de remettre aux ambassades tchadiennes les copies des motions de protestations et d’informer en même temps la Communauté Internationale de ce qui s’est passé effectivement pour que celle-ci prenne en compte dans son travail le rôle négatif que le Tchad joue au Soudan dans le cadre du règlement du conflit du Darfour.
Les deux mouvements expriment le respect du peuple soudanais au peuple tchadien et leur considération spécifique née des liens du sang, de l’histoire, des intérêts et du destin communs ; et réaffirment que ce respect et cette considération demeureront quelle que soit l’offense faite à ses valeurs par quelques systèmes dans ces deux pays. Les relations entre les peuples sont plus fortes et pérennes que le passage furtif des systèmes.
Voilà ce que nous avons voulu le clarifier.
Minny ARKOU MINAWY : Président du Mouvement de l’Armée de Libération du Soudan (MALS)
Dr Jibrine IBRAHIM Mohamed : Président du Mouvement pour le Justice et de l’Egalité (MJE)
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