Pour Abdallah Chidi Djorkodei, il ne fait aucun doute que le régime de N’Djamena est à l’origine des malheurs actuels du peuple centrafricain. «Nous pouvons livrer des noms de soldats de l’armée nationale tchadienne qui font actuellement partie des effectifs de la Séléka», déclare cet opposant tchadien installé aux USA depuis deux ans, après un exil de cinq ans au Maroc. Il était le 27 septembre dernier à la tête d’un groupe de compatriotes décidés à faire un sit-in devant l’hôtel Westin qui hébergeait Idriss Déby, venu prendre part à la 68e Assemblée Générale de l’ONU à New-York. A en croire des sources diplomatiques, Idriss Déby eut vent du projet de Abdallah Chidi Djorkodei et des siens. Aussi le président tchadien préféra plier bagages et retourner dans son pays plus tôt que prévu. 

En réalité, les opposants tchadiens avaient depuis longtemps marqué des points contre Idriss Déby. A la veille de l’ouverture des travaux de L’Assemblée Générale, Abdallah Chidi Djorkodei était à la tête d’un groupe d’opposants lancés dans une manifestation devant le QG de l’ONU à New-York. «Nous demandons le retrait des troupes tchadiennes du Mali et de la RCA. Le Tchad a ses propres problèmes comme la pénurie de l’eau, le manque d’électricité, la crise alimentaire, etc.» L’ironie veut qu’au moment où les dérives de son pouvoir étaient exhibées dans la rue à New-York, le président tchadien prenait part à une réunion convoquée, en marge des travaux de l’ONU, par le représentant de la Francophonie auprès de l’ONU. Réunion au cours de laquelle tout le monde fut d’accord pour dire que ça ne va pas en RCA et qu »il faut faire quelque chose pour ce pays. Et si les représentants des autres pays de la zone CEMAC se montraient très préoccupés par la tournure des événements à Bangui depuis le putsch contre François Bozizé, Idriss Déby était plutôt un homme triomphal. Il faisait étalage de la force de frappe de son armée tant au Mali qu’en RCA. Le président tchadien était d’autant plus zélé, car assuré, selon de sources sûres, du lobbying de la France, pour l’assurer d’un siège de membre non permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU dans les prochains mois.

L’on peut alors comprendre pourquoi, pour la toute première fois depuis près de décennies qu »il règne sur le Tchad, Idriss Déby a mis les moyens pour un accueil à grand pompe par la communauté tchadienne de New-York. Abdallah Chidi Djorkodei affirme que des émissaires ont été dépêchés par Déby pour le dissuader  de déclencher son mouvement de protestation. « Brandissant une enveloppe à bout de bras, les émissaires du Guide du MPS m’ont proposé trois postes à prendre au choix: Ambassadeur du Tchad au Congo Brazzaville, Directeur de l’INSTA d’Abéché, Ambassadeur du Tchad au Niger», déclare Abdallah Chidi à Djorkodei qui dit avoir repoussé toutes ces offres. 

Et comme le malheur ne vient jamais seul, Idriss Déby était pris en tenaille par les nombreux intervenants à l’initiative du petit déjeuner sur la situation humanitaire en RCA.  Ils signifient tous à Déby qu »ils avaient démasqué son jeu pour bousiller la RCA et partant toute la sous – région. Et c’est un homme désarmé, perdu et désillusions, qu’il sorti de la salle pour retourner à N’Djamena. Non sans promettre de stopper son gangstérisme en RCA. Un pas fait si Déby pouvait, pour une fois tenir parole. 

 

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