Gilles Aimé Noumasseri, Conseiller municipal du parti MPTR, est celui par qui tout est arrivé.
 
Il demande au maire de la ville de N’Djaména de démissionner, à défaut, qu’il en soit contraint par le Délégué du gouvernement auprès de la commune de N’Djaména.

Retenez bien son nom, il entre dans l’histoire de la jeune démocratie locale tchadienne. Le député du 7ème Arrondissement de la capitale tchadienne, élu sous la bannière du MPTR s’est illustré par une lettre enflammée à l’encontre du maire de la ville de N’Djaména accusé de concussion. Suite aux révélations faites dans La Voix n°0177 du 23 au 29 octobre 2012, relatives à un contrat de remise de commission au maire Djimet Ibet, le camarade du député Béral Mbaikoubou, réclame l’application de la loi dans sa simple expression. Dans sa lettre datée du 30 octobre et adressée au Délégué du gouvernement, le jeune élu local interpelle le représentant de l’Etat auprès de la capitale tchadienne en des termes aussi directs que vrais: «La mairie traverse actuellement une crise sans précédent et la dernière en date est le scandale financier époustouflant dont le maire s’est rendu coupable puisque jusqu’à ce jour aucun démenti n’est venu infirmer les faits à lui reprochés. Je pense qu’il est du devoir et dans les prérogatives d’un élu local de porter à votre connaissance et à celle de l’opinion nationale la gestion de la municipalité si celle-ci n’est pas faite dans les normes des textes nous régissant».

 
 
© La Voix 
Gilles Aimé Noumasseri, Conseiller municipal du parti MPTR de la Commune de Ndjamena
Pour le fils du célèbre animateur de la RNT alias «Petit fou», «après quatre mois d’exercice, nous constatons avec effarement que la gestion de monsieur DJIMET IBET est scandaleuse et laisse plus d’un conseiller, que nous sommes, pantois». Il ne s’en tient pas là. Il énumère un chapelet de faits reprochés au maire : «Incompétence avérée dans les actes administratif pris par celui-ci (la nomination du secrétaire général et son adjoint sans et contre l’avis du conseil municipal. Pourtant en son temps, vous et le premier ministre aviez pris un acte administratif pour lui demander de surseoir à ces nominations inopportunes et précipitées. Rien n’est fait jusqu’aujourd’hui; l’arrogance affichée ostensiblement par DJIMET IBET à l’égard des autorités de tutelle, des conseiller municipaux et du personnel de la mairie; l’acquisition des moyens roulant à plus de deux cent million de francs CFA (200 000 000) sans l’avis du conseil municipal, sans appel d’offre ni l’aval de la commission de passation de marché ; la mise à la disposition d’une de ses épouses de la voiture de service de la Mairie immatriculée RT 0854 APM, alors même que cette modeste employée d’une banque de la place bénéficie d’une voiture de liaison (RT 0672 APM) de la Mairie et de la voiture de fonction de son Mari (RT 001APM); faut-il rappeler que les services municipaux manquent de façon criarde de voitures? Nous constatons également que le salaire perçu actuellement par l’exécutif municipal est indu dans la mesure où les textes ne prévoient que des indemnités votées par le Conseil Municipal or cela n’a pas été fait; la Concussion à hauteur de plus de 10 milliards de FCFA révélée par le journal La Voix dans son édition n°0177 du 23 au 29 octobre 2012, dans l’acquisition des engins de travaux public auprès d’une entreprise turque vient corroborer le tout».

On peut ajouter à cela, le scandale qui risque de rebondir incessamment et qui est relatif à la gestion de 500 millions de Francs Cfa octroyé par les Etats-Unis d’Amérique et qui doivent normalement servir à démolir l’immeuble de Chagoua afin de construire la nouvelle Ambassade des Yankees au Tchad. Il y a aussi une affaire de prime relative au recouvrement de 1.400.000.000 de Fcfa qui met aux prises les agents du ministère des Affaires foncières et du domaine et le maire de la ville de N’Djaména. D’autres affaires occultes émaillent les quatre mois de gestion plus que catastrophique de la Mairie.

Avec tous ces faits mis bout à bout, l’élu conclu par cette sentence sans appel «j’exige en ma qualité d’élu local de la ville de N’Djamena la suspension de Monsieur DJIMET IBET de toutes ses fonctions et sa mise à la disposition des autorités judiciaires pour l’éclaircissement des faits à lui reprochés.» Il justifie sa demande en s’appuyant sur l’article 76 de la loi organique 002/PR/2000 du 16 Juillet 2000 portant statut des collectivités territoriales décentralisées qui stipule que: «Sans que la liste ne soit limitative les fautes énumérées ci-après peuvent entrainer la suspension ou la démission du maire: détournement de fonds publics, concussion où corruption, faux en écriture publique etc.». Car, pour Gille Aimé Noumasseri, «Djimet Ibet, maire de la ville de N’Djamena, s’est rendu coupable de toute cette avalanche de fautes pouvant entrainer la suspension où la démission du maire de la ville».

Le jeune politicien se métamorphose en moraliste pour l’ancien membre du Bureau Politique National du MPS, au pouvoir : «dans des circonstances comme celles-ci l’éthique politique et la morale élémentaire commande que monsieur DJIMET IBET rende le tablier avant toute poursuite et avant tout vote de défiance». Parce qu’il «y va de son honneur et de l’image de la formation politique qui l’a porté à la tête de la municipalité de notre capitale. Son devoir de rendre compte à la population recommande également un comportement sans reproche». Pour faire un large écho, l’enfant terrible de Chagoua n’a pas hésité d’envoyer en ampliation cette lettre au Chef de l’Etat, Idriss Déby Itno à titre d’information. Le Ministre de l’Administration du Territoire, responsable hiérarchique du Délégué du gouvernement a eu également une copie de ce document. Puisqu’il se dit en ville que c’est lui qui a conseillé à Djimet Ibet de ne pas réagir. Il doit être comptable de cette dérive.
 


Le Ministre de la Justice, de l’Assainissement public et de la bonne gouvernance a été également servi par cette lettre. Puisque la Loi sur les détournements de deniers publics modifiés permet à un citoyen de dénoncer les rapaces. Il est donc interpellé pour l’application de cette loi qu’il a voulue de tous ces vœux. Le Secrétaire Général du MPS qui a la responsabilité morale de l’élection de Djimet Ibet à ce poste sensible est aussi ampliateur de cette lettre pour lui permettre, sans nul doute, de prendre ses responsabilités devant la nation tchadienne. Les conseillers municipaux et les maires d’arrondissements qui reprochent, chacun dans son coin, le comportement du Maire, sont également destinataires de cette véritable bombe. Qu’est ce qui se passera par la suite? Peut-être rien. Mais, au moins, les Tchadiens sont édifiés sur la pratique de celui qui a la charge de faire aboutir la politique du Chef de l’Etat. Celle de faire de la capitale tchadienne «la vitrine de l’Afrique».
 


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